HOLOCAUST 2000 (1977)

Kirk Douglas incarne un ingénieur dont le projet de centrale nucléaire pourrait bien provoquer l’extinction de la race humaine…

HOLOCAUST 2000

 

1977 – ITALIE / GB

 

Réalisé par Alberto de Martino

 

Avec Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Virginia McKenna, Spiros Focas, Ivo Garrani, Alexander Knox, Adolfo Celi, Romolo Valli

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Les années 70 étant propices à une prise de conscience écologique collective, Alberto de Martino a l’idée d’associer les dangers du nucléaire avec Satan en personne. Le scénariste-réalisateur italien avait déjà eu affaire avec le Malin à l’occasion de son Antéchrist marchant sur les traces de L’Exorciste. Ici, épaulé par ses coscénaristes Michael Robson (Hardcore) et Sergio Donati (Il était une fois dans l’Ouest), il semble plutôt se laisser porter par le succès de La Malédiction, sorti un an plus tôt avec le succès que l’on sait, tout en s’efforçant d’y adjoindre une prise de conscience environnementale. Pour autant, la confusion du diable avec la bombe atomique est une notion qui hante les esprits depuis Hiroshima, comme en témoignait notamment l’écrivain Walter Miller lorsqu’il écrivait en 1960, dans « Cantique pour Leibowitz » : « Le visage de Lucifer s’épandit au-dessus du banc de nuages en un immense et hideux champignon et s’éleva lentement comme un titan qui se serait redressé après des siècles d’emprisonnement au sein de la Terre ». Pour donner un maximum d’ampleur à ce qui n’aurait pu être qu’un film d’exploitation mineur, la production parvient à réunir un casting international dominé par Simon Ward (Les Trois Mousquetaires), Anthony Quayle (Lawrence d’Arabie), Agostina Belli (Parfum de femme) et surtout le sexagénaire Kirk Douglas, alors un peu moins regardant sur ses choix de carrière.

L’ancienne star de Spartacus et des Vikings joue le rôle de Robert Craine, un ingénieur sur le point de bâtir une centrale thermonucléaire dans un pays du tiers-monde. Son objectif est de pouvoir alimenter toute la planète en énergie électrique depuis ce réacteur extrêmement puissant. Plusieurs événements étranges contrecarrent peu à peu son projet. Ce sont d’abord des signes évoquant un exorcisme contre le Malin, puis la disparition mystérieuse de plusieurs personnes, et enfin la mort de tous ceux qui veulent s’opposer au lancement de l’usine. La clef de l’énigme s’avère terrifiante : la construction de cette centrale scellera le destin de l’humanité, provoquant une réaction en chaîne fatale à l’humanité ainsi que la venue de l’Antéchrist sur Terre. Et celui-ci n’est autre qu’Angelo Caine (Simon Ward), le propre fils de l’ingénieur !

Apocalypse Now !

Porté par une bande originale d’Ennio Morricone, le film dissémine un climat inquiétant dès son entame, véhiculant une idée visuelle très intéressante prenant corps au cours d’une séquence onirique spectaculaire : les sept cheminées de l’usine, surgissant soudain de l’océan, lui donnent les allures de la Bête de l’Apocalypse, généralement représentée sous l’aspect d’une hydre à sept têtes. Quant aux dix commutateurs et aux dix systèmes de contrôle de l’usine, ils semblent vouloir correspondre aux dix cornes et aux dix couronnes attribuées à cette bête dans le « Livre des Révélations ». Dans le rôle de ce père solide et cartésien dont le caractère en acier trempé s’ébranle progressivement, Kirk Douglas excelle. Face à lui, l’angélique et troublant Simon Ward ne démérite pas, leur affrontement final étant l’un des moments les plus forts du film. Fidèle à sa source d’inspiration majeure – La Malédiction, donc – le film d’Alberto de Martino collecte son lot de morts brutales (la décapitation par la pale d’un hélicoptère étant la cerise sur le gâteau en ce domaine) et de séquences anxiogènes (notamment celles situées dans l’hôpital). Pessimiste en diable, Holocaust 2000 s’achève sur un dénouement très noir mais étrangement anti-spectaculaire. En attente d’un climax digne de ce nom, les spectateurs furent dans leur grande majorité déçus par cette résolution frustrante, ce qui n’empêcha pas le film d’atteindre un petit statut d’œuvre culte auprès des fans du genre.

 

© Gilles Penso

 

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