INCONTRÔLABLE (2006)

Michaël Youn incarne un homme dont le corps est contrôlé par une personnalité autonome qui se révolte…

INCONTRÔLABLE

 

2006 – FRANCE

 

Réalisé par Raffy Shart

 

Avec Michaël Youn, Hélène de Fougerolles, Thierry Lhermitte, Hippolyte Girardot, Patrick Timsit, Shirley Bousquet, Cyrielle Claire

 

THEMA DOUBLES

En 2006, Michael Youn transformait en or tout ce qu’il touchait. Ses prestations télévisées matinales remportaient un franc succès, ses disques se vendaient comme des petits pains, ses premiers pas sur scène rameutaient les foules, et même les films le mettant en vedette (La Beuze, Iznogoud, pourtant pas d’impérissables chefs d’œuvres) secouaient de rires les rangs de ses nombreux fans. Incontrôlable stoppa pourtant net cette irrésistible ascension. Sans doute parce que le film se contentait de tout faire reposer sur les épaules de son comédien sans chercher à développer correctement une idée de départ pourtant amusante. C’est Raffy Shart, acteur dans Quasimodo d’el Paris et scénariste de Ma Femme s’appelle Maurice (aïe !), qui est à l’origine d’Incontrôlable, son premier long-métrage en tant que réalisateur. A l’origine, il imagine un concept plutôt tarabiscoté : un homme y perd le contrôle de ses membres, chacun s’agitant de manière indépendante. Si le postulat avait été conservé tel quel, nous aurions eu droit à des bras, des jambes, un nez, un ventre, une bouche et même un sexe parfaitement autonomes, équipés de regards et de voix ! Des visions surréalistes dignes de Re-Animator 2 ! Séduits par l’idée, Youn et le producteur Abel Nahmias demandent cependant à Shart de revoir ses ambitions à la baisse et de simplifier un récit qui s’annonce trop complexe à leurs yeux.

Au final, Incontrôlable raconte l’histoire de Georges, un scénariste qui mène une vie très peu saine pour son organisme, le gavant à longueur de journée de nourriture grasse. Un matin, n’en pouvant plus, son corps décide de se révolter et de ne plus lui obéir. Le dédoublement de personnalité qui découle de ce phénomène étrange plonge bientôt Georges dans des situations particulièrement délicates, voire très dangereuses. Il faut bien reconnaître que Michael Youn donne de sa personne pour le film, grossissant de près de vingt kilos en l’espace de deux mois, prenant des cours intensifs de mime (avec Guerassim Dichliev) et de danse (avec Philippe Découflé) et gesticulant avec sa légendaire énergie. Le regretté Matt Hondo lui-même, célèbre voix française d’Eddie Murphy et de l’âne de Shrek, interprète les dialogues du corps en révolte avec un grain de folie très communicatif.

Un sketch déguisé en film

Cinéphile averti, le réalisateur privilégie les effets spéciaux de plateau (faux membres, perspectives forcées, utilisation de contorsionnistes et de doubleurs) aux trucages numériques et glisse même au passage quelques clins d’œil inattendus, donnant notamment à son héros le nom de Georges Pal (homonyme du fameux réalisateur des Aventures de Tom Pouce et La Machine à explorer le temps). Les intentions sont donc bonnes, mais Incontrôlable ne réussit que trop épisodiquement à faire rire les spectateurs, le concept fixant très vite ses limites et la mécanique n’étant pas assez huilée pour fonctionner. Finalement, seul Thierry Lhermitte parvient vraiment à tirer son épingle du jeu. En père de famille ultra-catho qui collectionne fièrement les trophées de chasse, il s’avère hilarant et élève le niveau de chacune des séquences où il intervient. Pour le reste, Incontrôlable n’est rien de plus qu’un sketch artificiellement étiré sur la durée d’un long-métrage.

 

© Gilles Penso

 

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