BEASTER DAY (2014)

À l’approche du week-end de Pâques, un lapin géant mutant et anthropophage sème la panique dans une petite ville américaine

BEASTER DAY : HERE COMES PETER COTTONHELL

 

2014 – USA

 

Réalisé par John Bacchus

 

Avec Peter Sullivan, Marisol Custodio, Jon Arthur, Kristina Beaudouin, Valerie Bittner, Autumn Bodell, Darian Caine, Tom Cikoski, Alyssa Dodge, Matthew Dolan

 

THEMA MAMMIFÈRES

Malgré le visuel alléchant du poster de Beaster Day et son postulat plein de promesses, nous aurions dû nous méfier : son réalisateur John Bacchus est l’homme qui osa commettre Kinky Kong, pastiche stupide et graveleux de King Kong. Spécialisé dans les parodies cheap de films fantastiques garnies généralement de séquences érotiques (The Erotic Witch Project, Mistress Frankenstein, Vampire Obsession, Zombiez, Batbabe : The Dark Nightie), notre homme se lance donc en 2014 dans Beaster Day dont il signe non seulement la mise en scène mais aussi l’écriture, la production, les images, le montage et les effets spéciaux, le tout sous le pseudonyme de The Snygg Brothers. Et comme on pouvait le craindre, le résultat est globalement calamiteux. Le point de départ laisse rêveur : dans une petite ville américaine qui s’apprête à fêter le week-end de Pâques, un lapin géant assoiffé de sang surgit soudain et se met à assassiner un par un les habitants de la ville. Alors que la population commence à s’alarmer face à ces massacres en série inexplicables, le maire (John Paule Fedele), un dilettante en chemise hawaïenne, refuse d’admettre la réalité de la menace. Lorsque Doug (Peter Sullivan), un employé de la fourrière locale zélé et stupide, se rend compte du danger, il tente d’avertir ses collègues. « C’est l’apocalypse, mais il n’y avait pas quatre cavaliers », hurle-t-il à qui veut l’entendre. « Savez-vous ce que j’ai vu ? Un lapin cannibale de 15 mètres ! » Il ne pourra compter que sur Brenda (Marisol Custodio), une actrice en herbe contrainte de travailler à ses côtés si elle ne veut pas que son père lui coupe les vivres, pour l’aider à sauver la situation…

Sur la base de ce scénario invraisemblable, Beaster Day ne se prend évidemment pas au sérieux, cultivant des séquences d’humour plus pataudes les unes que les autres malgré un prologue qui laissait espérer un peu plus d’ironie (le mariage où le fils s’en prend publiquement à son père et sa nouvelle épouse). Les interminables monologues exaltés de Doug ne font pas rire et sont probablement conçus pour que le film atteigne la durée d’un long-métrage. D’autres longues séquences de dialogues (les échanges entre Brenda, son père et sa belle-mère) semblent vouloir enrichir la caractérisation de certains personnages mais ne mènent finalement nulle part. Les seuls moments modérément drôles (quoique furtifs) sont liés à quelques mises à mort absurdes (l’homme qui continue à fumer après avoir été décapité, la fille au corps ouvert en deux qui veut absolument envoyer un tweet avant son trépas). Du côté du gore, Beaster Day s’avère généreux : doigts coupés, main tranchée, bras arraché, œil extirpé, corps coupé en deux, décapitation, démembrement, bref le sang coule à flot. John Bacchus ne recule pas non plus devant un peu de nudité gratuite, ce qui selon lui ne peut pas faire de mal. Et puis il y a le monstre…

Lapin crétin

Avec ce concept de lapin mutant géant et anthropophage, on ne s’attendait évidemment pas à une créature particulièrement spectaculaire ou effrayante, surtout si l’on tient compte du budget du film (environ 150 000 dollars en tout et pour tout). Mais on n’imaginait pas l’ampleur du désastre ! Le monstre est une petite marionnette à baguettes conçue par Brett Piper. Ce dernier, spécialiste de la stop-motion, sait habituellement garnir ses petits films d’un bestiaire attrayant inspiré de l’œuvre de Ray Harryhausen (A Nymphoïd Barbarian in Dinosaur Hell, Arachnia, Queen Crab, Triclops et tant d’autres). Mais si le design de son lapin géant est intéressant, la manipulation de la bête nous afflige par sa maladresse. Car la marionnette est incapable de bouger correctement, se contentant de faire du sur-place en agitant mollement les pattes et la tête. Comme en outre son incrustation dans les prises de vues réelles laisse franchement à désirer et que ses victimes humaines jouent comme des savates (avec une palme pour la fille aux seins nus qui ne sait visiblement ni crier ni courir), le spectateur finit par trouver le temps long. Du coup les scènes un tant soit peu ambitieuse (comme l’attaque de la fille à cheval) tombent lamentablement à plat et le climax en pleines festivités de Pâques n’a aucune ampleur, les figurants courant sans conviction tandis que les effets spéciaux font ce qu’ils peuvent, c’est-à-dire pas grand-chose.

 

© Gilles Penso



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