Le film enchaîne dès lors les séquences très ambitieuses, comme le major qui s’accroche au flanc de Godzilla en pleine mer pour lui coller un traceur, le quartier de Shibuya en partie immergé sous les flots ou les nuées d’insectes géants qui s’attaquent à Godzilla sur une île. Mais le plat de résistance reste à venir : Megaguirus, un insecte titanesque au faciès reptilien, à la peau rugueuse comme celle d’un crustacé et à la queue de scorpion, qui tient son nom d’une créature préhistorique réelle, la libellule géante Meganeura. A l’instar de Rodan, il a la capacité de faire s’écrouler les buildings en provoquant des hautes fréquences avec la vibration de ses ailes. Un combat au sommet entre le redoutable invertébré et Godzilla est donc au menu, en plein centre de Tokyo, tandis que se dessine une romance un peu caricaturale entre la jolie major et un jeune inventeur maladroit. Privilégiant l’usage intensif de maquettes pour visualiser les destructions de la ville, le réalisateur Masaaki Tezuka expérimente diverses techniques de prises de vues, alternant les ralentis et les accélérés, mêlant les effets numériques et physiques, et acheminant le film vers un final totalement ouvert laissant imaginer que Godzilla a été aspiré par un trou noir. Mais le film suivant ignorera cette péripétie pour repartir sur des bases à nouveau très différentes.
© Gilles Penso