Le fin mot de cette histoire rocambolesque ne manque pas d’ironie : ces affreuses mutations sont dues à un nouveau type de pesticide employé sur les raisins. Tous les buveurs de vins sont donc contaminés ! Elisabeth est finalement sauvée par un duo improbable de chasseurs, qui préfèrent la bière au gros rouge et ont donc échappé à la transformation. Fort de ce postulat récréatif, Les Raisins de la mort collectionne les séquences mi-horrifiques mi-surréalistes, comme cette belle aveugle décapitée sur le pas de sa porte, ou cette jeune femme dont la poitrine dénudée est transpercée par une fourche ! Ne renonçant ni à son goût de la poésie morbide, ni à ses polissonneries coutumières, Rollin met également en scène Brigitte Lahaie, dans le rôle d’une villageoise non encore contaminée mais déjà ralliée à la cause du mal. Son apparition en chemise de nuit, flanquée de deux molosses canins, n’est pas sans nous rappeler Edith Scob dans Les Yeux sans visage. Mais la comparaison s’arrête là. Car comme souvent dans l’œuvre de Jean Rollin, toutes ces bonnes intentions sont en partie gâchées par un rythme terriblement lent, des dialogues saugrenus et des comédiens assez catastrophiques.
© Gilles Penso