Le succès de Willard motiva aussitôt la mise en chantier d’une séquelle, toujours écrite par Gilbert Ralston. Le réalisateur Daniel Mann cède ici la place à Phil Karlson, un stakhanoviste du cinéma et de la télévision dont le nom n’est jamais sorti de l’ombre un peu anonyme de la série B, si l’on excepte peut-être les deux premiers films de la série Matt Helm. Pour s’inscrire directement dans la continuité de Willard, Ben commence exactement là où le film précédent s’arrêtait. Le film emprunte de manière plus consciente que son prédécesseur les codes du cinéma d’horreur. De fait, il se veut plus spectaculaire, comme en témoigne cette première attaque d’un policier qui se passe entièrement de dialogue. Les rats sont d’ailleurs traités ici comme un mystérieux tueur insaisissable qui laisse ses victimes déchiquetées et disparaît sans que la police ne puisse mettre la main dessus. Puis nous faisons connaissance de Danny Garrison, un enfant malade du cœur dont l’apparente joie de vivre cache une grande solitude. Du coup, lorsqu’il rencontre ce gros rat bien dodu dans son jardin, au lieu de partir en courant ou de pousser des hurlements, comme l’auraient fait la plupart des gamins, il trouve là un nouveau compagnon de jeu. Il lui dédie des poèmes qu’il récite en jouant du piano et dort avec lui, comme s’il s’agissait d’une peluche ou d’un animal de compagnie.