LES RATS DE MANHATTAN (1983)

50 % film post-apocalyptique, 50% film d'invasion animales, 100% série Z italienne qui se déguste sans modération

RATS : NOTTE DI TERRORE

1983 – ITALIE / FRANCE

Réalisé par Bruno Mattei

Avec Alex MacBride, Richard Cross, Richard Raymond, Janna Ryan, Ann-Gisel Glass, JC Brétignière, Moune Duvivier

THEMA FUTUR I MAMMIFERES

Cet improbable croisement entre Mad Max et Willard s’inscrit dans la vogue des aventures post-apocalyptiques à tout petit budget dont raffolaient les cinéastes italiens des années 80, tout en y mêlant une bonne dose d’horreur héritée de George Romero et Lucio Fulci. Le scénario d’Hervé Piccini et Claudio Fragasso (que certaines sources citent comme le co-réalisateur non crédité du film) se situe au 21ème siècle, plus précisément en l’an 225 après la bombe. Assez curieusement, la trame évoque beaucoup le roman « L’Empire des Rats » (alias « Domain ») qu’écrivit James Herbert la même année. L’humanité a été ravagée par un sempiternel holocauste nucléaire, et les rares survivants motorisés, émules de Mel Gibson, errent en bandes à la recherche d’abri et de vivres. L’une de ces hordes sauvages, menée par un certain Kurt (Richard Raymond, pseudonyme d’Ottaviano Dell’Acqua), s’arrête dans une petite ville en ruines et trouve refuge dans ce qui ressemble à un centre de recherches désaffecté.

Affublés de surnoms saugrenus tels que Chocolat, Lucifer, Vidéo ou Deus, nos joyeux drilles armés jusqu’aux dents découvrent un important stock de nourriture, de l’eau potable et des serres en activité. Ravis de leur trouvaille, ils s’installent dans leur petit oasis artificiel… Ignorant qu’ils vont devoir le partager avec des milliers de rats mutants extrêmement agressifs et de surcroît anthropophages (interprétés pour la plupart par des cochons d’inde peints en noir, quand ce ne sont pas de simples répliques en plastique pas convaincantes pour un sou). Une sanglante et inégale lutte s’amorce alors, décimant peu à peu les rangs de la petite armée de Kurt. Et comme Bruno Mattei, sous son habituel pseudonyme de Vincent Dawn, a été quelque peu marqué par Zombie (qu’il plagia trois ans plus tôt à l’occasion de Virus cannibale), les cadavres affreusement amochés s’accumulent dans le film, assortis de séquences gore qui ne reculent devant aucun excès. Parmi les plus gratinées, il y a ce rat qui surgit par la bouche du cadavre dénudé de la malheureuse Lilith (Moune Duvivier), ou le corps décomposé du massif Taurus (Alex McBride alias Massimo Vanni) qui explose, ses entrailles révélant des dizaines de rongeurs voraces.

« Bon Dieu, ils sont des milliers ! »

Ces débordements n’empêchent guère le film de susciter plus d’ennui que d’intérêt, empêtré qu’il est dans ses péripéties molles, ses dialogues risibles (« Bon Dieu ! Ils sont des milliers ! Ils vont nous bouffer le cul ! »), sa musique synthétique quasi-inaudible signée Luigi Ceccarelli et ses comédiens catastrophiques. A ce titre, les séquences où les filles sont censées hurler de peur constituent d’excellents morceaux d’humour involontaire. Le film pioche aussi son inspiration dans les classiques, Les Oiseaux et La Nuit des morts-vivants en tête, sans en ressortir grandi pour autant. Ces Rats de Manhattan s’achèvent malgré tout sur un coup de théâtre assez savoureux, qui justifie le second titre sous lequel le film fut distribué en France : Les Mutants de la 2ème humanité. Assez bizarrement, cette série Z serait le film dont Bruno Mattei est le plus fier. Voilà qui laisse songeur sur le reste de sa filmographie…

© Gilles Penso

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