BRAINSCAN (1994)

Un jeu vidéo d’un nouveau genre propulse ses utilisateurs dans un monde virtuel et les pousse à commettre des crimes sanglants…

BRAINSCAN

 

1994 – USA

 

Réalisé par John Flynn

 

Avec Edward Furlong, Frank Langella, T. Ryder Smith, Amy Hargreaves, James Marsh, Victor Ertmanis

 

THEMA MONDES PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS

Michael, seize ans, reçoit sur CD Rom un jeu appelé Brainscan qui promet de lui procurer une expérience inoubliable en matière d’épouvante. Michael est intrigué mais relativement sceptique. Une nuit, il introduit le disque dans son ordinateur et, après avoir subi un éclair aveuglant, il se retrouve propulsé dans un monde parallèle visiblement généré par l’ordinateur, dans l’arrière-cour d’une maison de banlieue. Michael s’introduit dans la maison, prend un couteau dans un tiroir de la cuisine, grimpe au premier étage et tue un homme endormi. Il se réveille d’un bond, surpris par le réalisme du jeu. Mais le lendemain, il apprend à la télévision qu’un meurtre atroce a été commis près de chez lui. Il reconnaît l’arrière-cour, la maison et la victime. Quand un second CD arrive par la poste, Michael le fracasse contre un mur, furieux. C’est alors que le Trickster, l’âme et le corps du Brainscan, se matérialise dans la chambre de Michael à travers l’écran de son ordinateur. Tel un Méphisto s’efforçant de tenter le docteur Faust, le Trickster veut convaincre Michael de continuer à jouer sur un second CD. Refusant catégoriquement, Michael menace de prévenir la police. Mais cela reviendrait à avouer le crime…

Plein d’humour et d’originalité, Brainscan trouve dans le CD Rom (un disque interactif qui venait alors de débarquer dans les foyers) un nouveau support d’épouvante. Quelques éléments rappellent Ghost in the Machine, mais le résultat s’avère bien supérieur au médiocre thriller technologique de Rachel Talalay, grâce à un scénario habile d’Andrew Kevin Walker (futur auteur de Seven), construit autour du principe toujours payant de la mise en abîme. L’intrigue ne cesse dès lors de réserver des surprises au jeune héros et au spectateur qui, immanquablement, s’identifie à lui. Edward Furlong, le John Connor de Terminator 2, est ce héros, affrontant ses démons intérieurs ainsi que le Trickster (incarné par T. Hyder Smith), une sorte de rocker monstrueux doté d’un étonnant maquillage conçu par l’équipe de Steve Johnson, mélange de Freddy Krueger et de Horace Pinker. D’habiles trucages numériques lui permettent de se matérialiser en sortant d’un écran TV, d’apparaître et disparaître au gré de sa volonté, ou encore d’absorber littéralement Furlong, dans l’une des scènes choc du film, qui évoque la métamorphose spectaculaire de La Revanche de Freddy.

Le choc des générations

Certains dialogues du film accentuent le choc des générations sur lequel repose une grande partie de l’intrigue. Notamment lorsque le lieutenant Hayden (Frank Langella, le Dracula de 1979) s’offusque en découvrant que Michael se délecte en regardant des films d’horreur, ce dernier rétorquant qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’un mode d’évasion. « Une évasion ? » lance le policier buté. « Comme fumer de la marijuana et s’échapper du monde réel ? Comme regarder un film pornographique, avoir une érection et violer quelqu’un ? » « Je ne pense pas que les érections violent les gens » se contente de répondre le jeune homme. « Ce sont les gens qui violent les gens ». Brainscan est donc un film fantastique très marqué par son époque, celle de l’arrivée en masse des jeux interactifs, de la réalité virtuelle et du multimédia, l’éphémère support CD Rom remplaçant ici le traditionnel grimoire maléfique.

 

© Gilles Penso

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