L’idée d’un tueur en série massacrant machinalement toutes les personnes inscrites sur le même agenda a quelque chose de très inquiétant, ce qui permet au film de Rachel Talalay de susciter de très efficaces frissons dans sa première partie. Mais dès que l’histoire vire à la science-fiction fantaisiste, avec un petit air de Shoker ou même du Cobaye, le spectateur n’est plus du tout convaincu. Et l’on croit d’autant moins à ce postulat de science-fiction que le prologue a été traité avec réalisme, en particulier grâce au jeu naturaliste de Karen Allen et Wil Horneff dont les relations mère-fils échappent aux stéréotypes. Il faut dire que les images de synthèse, éléments à priori déterminants du film, ne sont ni particulièrement soignées, ni correctement incrustées. Pour autant, la réalisatrice parvient à construire quelques beaux moments de suspense, comme cette scène où un homme est attaqué par un four à micro-onde, ce qui nous évoque un passage du Démon dans l’île ; ou mieux encore : au moment de la mort d’un homme testant la sécurité d’une voiture en laboratoire, une mort sans cesse différée qui survient là où on l’attend le moins. Les nerfs des spectateurs y sont soumis à rude épreuve et Rachel Talalay s’amuse visiblement beaucoup, anticipant sur les mécanismes d’épouvante de la saga Destination finale. Mais il faut avouer que ce sont les seuls éléments relativement palpitants du film.
© Gilles Penso