Le colossal succès des Visiteurs n’avait pas été le fruit d’un miracle mais la concrétisation d’un concept malin : un voyage dans le temps reposant sur un double comique de situation, autrement dit le décalage temporel et l’association de personnages antithétiques. Persuadés que les mêmes causes produisent les mêmes effets, Jean-Marie Poiré et Christian Clavier tentent de recycler tous les ingrédients qui, à leur sens, avaient contribué à la réussite de leur vaudeville médiéval : Clavier qui gesticule en ressassant des expressions imagées à répétition (« c’est la cata ! » remplace « c’est okay ! »), un grand gaillard qui s’oppose à lui (Gérard Depardieu à la place de Jean Réno), un jeu sur les doubles (les anges supplantent les descendants), un peu de tôle froissée… Pour parachever cette politique du patchwork et de la surenchère, Poiré intègre des séquences d’action et de cascades à Hong Kong – l’Occident est alors en pleine découverte des folles exubérances du cinéma asiatique – mais aussi quelques chorégraphies déshabillées dans un cabaret, ce qui ne peut pas faire de mal. Résultat : le film est pesant et très rarement drôle, d’autant que l’apparition des anges gardiens, censée relancer l’intérêt du récit, s’avère parfaitement inutile au bon déroulement de l’intrigue.