A CLASSIC HORROR STORY (2021)

Cinq personnes qui voyagent en covoiturage dans un minibus sont victime d’un accident et se retrouvent isolés en pleine forêt…

A CLASSIC HORROR STORY

 

2021 – ITALIE

 

Réalisé par Roberto De Feo et Paolo Strippoli

 

Avec Matilda Lutz, Will Merrick, Yuliia Sobol, Justin Korovkin, Peppino Mazzotta, Cristina Donadio, Francesco Russo, Alida Baldari

 

THEMA TUEURS

A Classic Horror Story est le premier long-métrage de Paolo Strippoli, signataire jusqu’alors d’une demi-douzaine de films courts. Roberto De Feo, son coréalisateur, n’en est quant à lui pas à son coup d’essai puisqu’il dirigea le thriller Ice Scream et le huis-clos flirtant avec l’épouvante Le Domaine. Comme le laisse imaginer le titre de cette œuvre commune, A Classic Horror Story est un film d’horreur qui discourt sur lui-même et sur les codes du genre. De fait, la situation de départ exhale de forts relents de déjà-vu. Cinq personnes qui ne se connaissent pas s’embarquent ensemble dans un minibus pour partager les frais d’un voyage qui les mènera en Calabre. Cette petite virée en covoiturage est constituée du chauffeur Fabrizio (Francesco Russo), de la jeune femme solitaire Elisa (Matilda Lutz), du couple extraverti Sofia et Mark (Yuliia Sobol et Will Merrick) et du médecin Riccardo (Peppino Mazzotta). Certains d’entre eux semblent trimballer quelques bagages émotionnels intimes, mais l’ambiance est plutôt bonne… jusqu’à ce qu’un cadavre de chèvre sur l’asphalte ne provoque une embardée violente du minibus qui percute violemment un arbre. Et c’est le black-out.

Au moment du réveil après le choc, la déstabilisation frappe nos cinq compagnons de voyage de manière collégiale. Car s’ils se retrouvent toujours dans leur véhicule, c’est au beau milieu d’une forêt très dense et visiblement à des kilomètres de la route. Comment ont-ils pu atterrir là ? Les seuls signes de vie alentour sont une vieille maison rustique garnie de trophées de chasse et de photos bizarres, ainsi que des totems inquiétants dans les bois qui laissent imaginer une sorte de culte diabolique ancestral. L’extrême classicisme de la situation est bien sûr assumé d’emblée, notamment à travers les dialogues de Fabrizio qui déclare à ses comparses : « On percute un arbre à côté de la route et on se retrouve devant la maison de Sam Raimi, avec des têtes coupées et des photos de fermiers fous. On est loin de tout. Nos portables ne marchent pas. Personne ne veut le dire, mais c’est le film d’horreur classique. » La complicité des spectateurs est donc sollicitée de manière très explicite.

Tout s’explique

Intrigués, nous attendons donc patiemment que le film finisse par bifurquer hors des sentiers battus pour révéler sa nature véritable. Mais cette évacuation des lieux communs tarde à venir. A Classic Horror Story parvient malgré tout à conserver notre attention grâce à sa mise en forme soignée – une très belle photographie désaturée d’Emanuele Pasquet, une bande originale oppressante de Massimiliano Mechelli -, à sa capacité probante à bâtir une atmosphère anxiogène qui va crescendo, et à ses brèves mais fulgurantes incursions dans l’horreur pure. Il n’empêche que toute cette patine cosmétique, si soignée soit-elle, ne compense pas les lacunes d’un scénario qui peine à se déployer avec plénitude. Nous découvrons donc les abominations d’un culte religieux païen incompréhensible, quelque part à mi-chemin entre Wicker Man et Midsommar, en misant tous nos espoirs sur le twist qui expliquera tout. Ce dernier survient comme prévu au cours du dernier acte et permet de remettre tout en perspective sous un angle inattendu. L’effet de surprise fait mouche, même si cette révélation comporte son lot d’invraisemblances pour qui se prête à une relecture minutieuse des événements précédents. L’exercice n’est donc qu’à moitié convaincant, le postmodernisme n’étant visiblement pas la clé d’un renouveau digne de ce nom du cinéma d’horreur italien. Mario Bava et Dario Argento n’ont donc pas encore trouvé leurs successeurs, loin s’en faut.

 

© Gilles Penso


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