LA LOCATAIRE (2011)

35 ans après sa fermeture, la compagnie Hammer renait de ses cendres avec ce thriller d’épouvante aux rebondissements multiples…

THE RESIDENT

 

2011 – GB

 

Réalisé par Antti Jokinen

 

Avec Hilary Swank, Jeffrey Dean Morgan, Lee Pace, Christopher Lee, Aunjanue Ellis, Sean Rosales, Deborah Martinez

 

THEMA TUEURS

Christopher Lee avait assisté aux derniers soubresauts de la Hammer, puisqu’il tint le rôle principal de l’avant-dernier film de la célèbre compagnie de production anglaise, Une Fille pour le diable, en 1976. Il semblait logique qu’il participe à sa résurrection 35 ans plus tard, légitimant par sa seule présence l’estampille « Hammer » (qui ouvre le film sous forme d’un logo animé conçu sur le modèle de celui des productions Marvel) et assurant un retour aux sources. Pour autant, La Locataire n’a pas grand-chose à voir avec les œuvres mythiques de Terence Fisher, Don Sharp ou Freddie Francis. Ni l’ambiance, ni le style visuel, ni les personnages, ni même le sujet abordé ne cherchent à marcher sur les traces prestigieuses de la firme britannique. L’intrigue se situe d’ailleurs dans le New York contemporain, en rupture totale avec le classicisme en costume auquel on a tendance à associer les films de la Hammer.

Deux fois oscarisée pour ses prestations dans Boys Don’t Cry et Million Dollar Baby, Hillary Swank endosse ici le rôle de Juliet, médecin urgentiste secouée par une récente rupture. En quête d’un nouvel appartement, elle déniche un vaste loft à Brooklyn, que le propriétaire charmant et attentionné, Max (Jeffrey Dean Morgan, le Comédien des Watchmen), lui loue pour une bouchée de pain. Tout semble presque trop beau. Mais certains soirs, Juliet est troublée par la sensation étrange de ne pas être seule chez elle, d’être épiée par des regards extérieurs, d’être frôlée par des présences fantomatiques. Alors que le mystère s’épaissit et que les relations entre Juliet et Max s’approfondissent, l’intrigue s’interrompt d’un seul coup et se met à rembobiner (au sens propre) pour nous montrer à nouveau certains détails de cette première demi-heure de métrage sous un autre angle. Le principe est audacieux et permet aux spectateurs, désormais armés de nouvelles informations, d’appréhender différemment le récit, support d’efficaces séquences de suspense.

Changement de point de vue

Le réalisateur Antti Jokinen, jusqu’alors spécialisé dans les clips musicaux (Will Smith, Beyoncé ou Céline Dion ont bénéficié tour à tour de son savoir-faire), attaque avec La Locataire son premier long-métrage et prouve ses capacités à construire une atmosphère oppressante, en s’appuyant sur la photogénie des lieux et de sa comédienne principale. Dans le rôle d’August, le grand-père de Max, Christopher Lee irradie l’écran à chacune de ses brèves apparitions, et l’image de son visage sévère serti d’une crinière blanche persiste longtemps, même lorsque l’immense acteur n’est plus présent à l’image. Tous ces atouts, ajoutés au charisme de Jeffrey Dean Morgan et à l’implication sans réserve d’Hillary Swank, ne suffisent pourtant pas à attiser l’intensité du film, laquelle s’amenuise face aux limites du concept initial et aux figures imposées que le scénario finit par accumuler. La quasi homonymie du titre français avec celui du chef d’œuvre de Roman Polanski est d’autant plus trompeuse que c’est surtout du côté de Psychose que La Locataire semble chercher son inspiration. L’intention est louable, mais les lieux communs qui en découlent desservent ce long-métrage qu’on aurait aimé moins anecdotique.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article