LE CORBEAU (1963)

Boris Karloff, Vincent Price et Peter Lorre se livrent à un combat de sorcellerie dans cette adaptation burlesque d’Edgar Poe

THE RAVEN

 

1963 – USA

 

Réalisé par Roger Corman

 

Avec Vincent Price, Boris Karloff, Peter Lorre, Hazel Court, Olive Sturgess, Jack Nicholson, Connie Wallace, William Baskin

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA EDGAR POE PAR ROGER CORMAN

En 1963, Roger Corman avait déjà réalisé quatre adaptations très réussies de l’univers d’Edgar Poe : La Chute de la maison Usher, La Chambre des tortures, L’Enterré vivant et L’Empire de la terreur. Ce dernier contenait un mémorable sketch mi horrifique mi comique confrontant Vincent Price et Peter Lorre. Corman eut donc l’idée de traiter Le Corbeau sous un jour humoristique en unissant à nouveau Price et Lorre tout en leur adjoignant le grand Boris Karloff. L’idée fera son chemin, au point que ces trois superstars de l’épouvante avaient seront à nouveau mises en scène plus tard la même année par Jacques Tourneur dans un Comedy of Terror loufoque flirtant lui aussi avec l’univers de Poe. Situé dans l’Angleterre du 15ème siècle, Le Corbeau ne présente que très peu de rapports avec la nouvelle dont il est censé s’inspirer, et commence comme l’un des épisodes précédents de la collection.

Dans le rôle du taciturne docteur Craven, Vincent Price se lamente avec mélancolie sur la tombe de sa bien-aimée Lenore, évoquant beaucoup ses personnages de Roderick Usher dans La Chute de la maison Usher et de Locke dans L’Empire de la terreur. Mais très vite, l’intrigue bascule dans la comédie burlesque lorsque survient un corbeau s’exprimant avec la voix de Peter Lorre. Celui-ci n’est autre que le magicien Bedlo, transformé malgré lui en volatile par le redoutable sorcier Scarabus. Bedlo requiert l’aide de Craven, car celui-ci est lui aussi un magicien renommé. En mixant divers ingrédients étranges, Craven parvient à redonner à Bedlo sa forme humaine. Les deux hommes décident alors de se rendre dans le sinistre château de Scarabus pour faire cesser ses maléfiques agissements. Affable, Scarabus les reçoit avec les honneurs, leur réservant en réalité quelques désagréables surprises.

Monstres sacrés

La terrible minceur du scénario dénote avec la rigueur des œuvres précédentes de la série, et c’est manifestement sur la confrontation de ses trois monstres sacrés que Corman a tout misé, sans pour autant se départir des qualités artistiques habituelles de la collection, notamment une photographie, des décors et des costumes somptueux. Les trois sorciers qui tiennent la vedette du Corbeau jouent sur la tromperie des apparences et bénéficient ainsi de toute la variété de jeu de leurs comédiens respectifs. Vincent Price, de prime abord maladroit et dépassé par les événements, s’avère en réalité en pleine possession de ses impressionnants pouvoirs. Peter Lorre se révèle bien moins pitoyable et couard qu’il ne le laisse paraître de prime abord. Quant à Karloff, il est délicieusement détestable en vieux magicien faussement bienveillant. En second plan, dans le rôle du fils de Peter Lorre, on découvre avec curiosité l’amusante prestation du jeune premier Jack Nicholson, que Corman avait déjà employé dans sa fameuse Petite boutique des horreurs. Le Corbeau s’achève sur un duel de sorciers hautement fantaisiste, au cours duquel le compositeur Lex Barker s’amuse à multiplier les clins d’œil musicaux. Bref, une œuvrette anecdotique mais pleine de charmes, l’un des moindres n’étant pas son impressionnant casting.

 

© Gilles Penso

 

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