Dès l’entrée en matière du film, qui montre la mésaventure du concierge du manoir attiré dans le souterrain par des rires d’enfants, Gus Trikonis utilise avec habileté tout l’arsenal à sa disposition : plongées, contre-plongées, caméra au ras du sol, coups de zoom sur les visages, reports de point abrupts, musique stressante. Visiblement très à l’aise avec les mécanismes de l’épouvante, le réalisateur couple un certain classicisme – cette immense demeure tapissée de toiles d’araignées n’aurait pas dépareillé dans une adaptation d’Edgar Poe signée Roger Corman – avec une approche plus moderne du genre, dans la mouvance des codes du slasher que La Nuit des masques allait propulser sur le devant de la scène quelques mois plus tard. Ainsi Le Couloir de la mort prend-il les allures d’une sorte de train fantôme (cadavres cachés dans des boîtes, passages secrets, ricanements diaboliques) rythmé régulièrement par des morts violentes et originales. Quelques scènes fortes ponctuent le métrage, comme l’agression physique de Felicia (Lynne Moody) par une entité invisible qui semble annoncer L’Emprise de Sidney J. Furie, et le film se pare d’effets mécaniques et pyrotechniques très efficaces pour visualiser les phénomènes paranormaux qui frappent les lieux. Le charisme de Richard Crenna n’est pas l’un des moindres atout de ce « shocker » réussi qui s’achemine vers un climax pour le moins original.
© Gilles Penso