Les intentions sont bonnes et Jan de Bont aurait pu continuer sur cette voie. Mais il ne résiste hélas pas à la tentation des effets spéciaux numériques et en sature la seconde partie de son film. Certes, le superviseur des effets visuels Phil Tippett a réalisé du un travail de haut vol, animant d’étranges formes vaporeuses et donnant vie aux statues comme dans un bon vieux film de Ray Harryhausen. « C’est vrai que Phil est un grand amateur des films de Harryhausen », reconnaît Jan de Bont, « mais ces statues sont des éléments que nous avons intégrés dans le scénario avant son intervention. J’adore les méthodes de travail de Phil. Il utilise son corps tout entier pour montrer à son équipe d’animateurs comment faire bouger les créatures ». (2) Le résultat à l’écran est payant, notamment lorsque ces visages angéliques observent fixement les protagonistes, lorsqu’un esprit maléfique se matérialise en grimaçant derrière une fenêtre, ou lorsque les cheveux d’une des jeunes femmes bougent tous seuls, comme caressés par une main invisible. Mais cette débauche de trucages brise toute la crédibilité du récit. Comme en outre le scénario finit par multiplier les rebondissements grotesques et que les comédiens ne semblent pas croire une seconde aux personnages qu’ils interprètent, le film se saborde lui-même et perd progressivement tout intérêt. La rumeur prétend que Steven Spielberg, fort mécontent du résultat, tourna lui-même quelques scènes additionnelles et modifia le montage. Personne ne confirma cependant cette participation non créditée.
(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 1999
© Gilles Penso