HANTISE (1999)

Le réalisateur de Speed et Twister signe un remake du classique La Maison du diable, spectaculaire mais sans âme…

THE HAUNTING

 

1999 – USA

 

Réalisé par Jan de Bont

 

Avec Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, Owen Wilson, Lili Taylor, Bruce Dern, Maria Seldes, Alix Koromzay, Todd Field

 

THEMA FANTÔMES

Un médecin qui étudie les mécanismes de la peur emmène un groupe de cobayes dans un sinistre manoir en simulant un test sur l’insomnie. Petit problème : la maison est hantée ! A l’origine, il y a le fameux classique du cinéma d’épouvante réalisé en 1960 par Robert Wise, La Maison du diable, souvent considéré comme le mètre étalon du film de maison hantée. L’idée d’en tourner un remake n’était à priori pas plus mauvaise qu’une autre. Le projet partait même sous les meilleurs auspices : Steven Spielberg à la production, Jan de Bont à la réalisation (après que Wes Craven ait été un temps attaché au projet) et des comédiens de haut niveau devant la caméra. De fait, le film démarre plutôt bien et efface pendant un temps nos légitimes craintes premières. L’ample partition de Jerry Goldsmith – habitué aux fantômes et aux diableries depuis La Malédiction et Poltergeist – donne le ton, les décors du manoir conçus par Eugenio Zanetti sont absolument fabuleux, et les effets sonores du vétéran Gary Rydstrom savent provoquer d’indicibles frissons.

D’ailleurs, la première scène d’épouvante de Hantise, dans laquelle les deux personnages féminins sont terrorisés par une série de bruits étranges, repose uniquement sur l’utilisation des sons et du décor, suivant en cela l’exemple du film original. Pour capter le plus justement possible la réaction des comédiennes, Jan de Bont a d’ailleurs l’idée intéressante de faire jouer en direct ces bruitages inquiétants pendant le tournage sans forcément que les actrices sachent tout à fait à quoi s’attendre. « Dans Speed et Twister, le récit était construit autour d’une tension qui progressait en s’accélérant jusqu’au climax », nous explique le réalisateur en se référant à sa filmographie précédente. « Dans un film comme Hantise, il fallait plus suggérer que montrer. Le suspense prend donc le dessus sur l’action. Si j’avais filmé Hantise à la manière de Speed, ça n’aurait pas fonctionné du tout et nous aurions perdu toute la tension. » (1)

La suggestion cède le pas à la surenchère

Les intentions sont bonnes et Jan de Bont aurait pu continuer sur cette voie. Mais il ne résiste hélas pas à la tentation des effets spéciaux numériques et en sature la seconde partie de son film. Certes, le superviseur des effets visuels Phil Tippett a réalisé du un travail de haut vol, animant d’étranges formes vaporeuses et donnant vie aux statues comme dans un bon vieux film de Ray Harryhausen. « C’est vrai que Phil est un grand amateur des films de Harryhausen », reconnaît Jan de Bont, « mais ces statues sont des éléments que nous avons intégrés dans le scénario avant son intervention. J’adore les méthodes de travail de Phil. Il utilise son corps tout entier pour montrer à son équipe d’animateurs comment faire bouger les créatures ». (2) Le résultat à l’écran est payant, notamment lorsque ces visages angéliques observent fixement les protagonistes, lorsqu’un esprit maléfique se matérialise en grimaçant derrière une fenêtre, ou lorsque les cheveux d’une des jeunes femmes bougent tous seuls, comme caressés par une main invisible. Mais cette débauche de trucages brise toute la crédibilité du récit. Comme en outre le scénario finit par multiplier les rebondissements grotesques et que les comédiens ne semblent pas croire une seconde aux personnages qu’ils interprètent, le film se saborde lui-même et perd progressivement tout intérêt. La rumeur prétend que Steven Spielberg, fort mécontent du résultat, tourna lui-même quelques scènes additionnelles et modifia le montage. Personne ne confirma cependant cette participation non créditée.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 1999

 

© Gilles Penso


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