PROPHECY (1995)

Christopher Walken incarne un ange déchu qui décide de descendre sur Terre pour anéantir l’humanité…

THE PROPHECY / GOD’S ARMY

 

1995 – USA

 

Réalisé par Gregory Widen

 

Avec Christopher Walken, Elias Koteas, Virginia Madsen, Eric Stoltz, Viggo Mortensen, Amanda Plummer, Moriah Shining Dove Snyder, Adam Goldberg

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I DIEU, LES ANGES, LA BIBLE

Gregory Widen était sorti de l’anonymat en écrivant le scénario d’Highlander. Après avoir transformé cet essai magistral avec le script de Backdraft, il décide de passer lui-même à la mise en scène. Il effectue son baptême derrière la caméra grâce à la série Les Contes de la crypte puis prépare son premier long-métrage, une histoire d’anges déchus inspirée par le poème « Le Paradis perdu » de John Milton. Le producteur Joel Soisson a le coup de foudre pour le scénario atypique que lui fait lire Widen et lui donne aussitôt son feu vert. Provisoirement titré God’s Army pendant son tournage, Prophecy donne à Christopher Walken le rôle du maléfique ange Gabriel, bien décidé à anéantir l’humanité en s’opposant à son bénéfique alter-ego Simon, incarné par Eric Stoltz. Cette lutte surnaturelle est arbitrée par le policier Thomas Dagget (Elias Koteas), puis par Lucifer en personne, à qui Viggo Mortensen prête ses traits longtemps avant de passer à la postérité avec Le Seigneur des Anneaux. À ce casting de choix s’ajoute la présence toujours réjouissante de Virginia Madsen (Candyman), enseignante devenue malgré elle témoin de cet affrontement dantesque entre le Bien et le Mal. Amanda Plummer et Adam Goldberg complètent le tableau dans le rôle de suppôts de Gabriel.

Prophecy ne manque pas d’atouts : un casting de premier ordre, une mise en scène solide, des décors naturels réalistes captés en Arizona, quelques maquillages spéciaux impressionnants (notamment plusieurs corps mutilés ou brûlés) et une poignée d’effets visuels intéressants. Certains d’entre eux seront coupés en partie au montage, mais plusieurs visions étonnantes demeurent, comme la mémorable scène de la grotte, l’image marquante de centaines d’anges empalés, l’apparition furtive d’êtres angéliques volant dans un ciel tourmenté ou la destruction finale d’un démon spectral. Hélas, malgré ses nombreuses qualités, le film de Widen ne passionne guère. L’intrigue reste assez basique, l’enquête policière multiplie les clichés et les incohérences (tous ces policiers qui mettent leurs mains partout sur les scènes de crimes sans porter le moindre gant) et les « méchants » ont tendance à se laisser aller au cabotinage, entachant du coup leur crédibilité.

Anges déchus

Pourtant Prophecy possède ce petit supplément qui le détache du lot. Sans doute est-ce dû à cette propension qu’a le scénario de Gregory Widen à déstabiliser les spectateurs en inversant les rôles habituellement établis. Voir un ange se muer en instrument de destruction et Satan lui-même prendre fait et cause pour les humains n’est pas banal ! D’autant que le personnage central de l’intrigue, un ancien homme d’église qui a perdu la foi et a embrassé la carrière de policier, trimballe avec lui d’intéressants traumatismes qui ne sont pas sans évoquer les tourments du jeune prêtre de L’Exorciste. Prophecy chasse donc d’un revers de main l’imagerie d’Épinal des doux messagers célestes aux ailes de colombe que l’imagerie populaire véhicule à tour de bras. Ses anges sont complexes, animés de passions contraires et finalement pas si manichéens. Tourné en 1993, Prophecy ne sortira en salles que deux ans plus tard et ne fera pas d’éclat au box-office. Il fonctionnera cependant suffisamment bien pour initier la mise en chantier de deux suites destinées directement au marché vidéo, bénéficiant chacune de la présence de Christopher Walken.

 

© Gilles Penso

 

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