Porté par l’interprétation à fleur de peau de Robin Williams et truffé d’effets visuels haut de gamme, le film nous offre d’abondants décors surréalistes, du vaste palais victorien à la librairie cyclopéenne et vertigineuse en passant par le cimetière des épaves de navires ou encore les visages des âmes damnées qui jonchent le sol des Enfers… Visuellement, Au-delà de nos rêves est une merveille, donnant corps à des tableaux surréalistes plus somptueux les uns que les autres (en accord avec la vision de l’au-delà que pourrait construire mentalement un homme éperdument amoureux d’une artiste peintre). C’est à juste titre que les effets visuels du film furent récompensés par un Oscar. On appréciera aussi la prestation très symbolique de Max Von Sydow qui, après avoir affronté la Mort dans la mémorable partie d’échecs du Septième sceau, devient ici le Passeur d’une rive à l’autre, nouvelle incarnation du Charon de la mythologie grecque. Tous ces beaux ingrédients donnent pourtant un plat très indigeste, qui commet l’erreur d’une moralisation extrême et d’une approche trop frontalement judéo-chrétienne, atténuant du coup grandement son impact. Le film aura d’ailleurs du mal à rembourser son budget de 85 millions de dollars, n’attirant pas autant de spectateurs que prévu malgré de nombreux remaniements du montage suite à des projections test décevantes.
© Gilles Penso