Au milieu des visages familiers du réalisateur (Dominique Pinon, François Hadji-Lazarro), on retrouve Lambert Wilson dans un contre-emploi tout à fait étonnant. Muet, endolori, il représente à priori une figure christique, capable de guérir ses semblables par simple apposition des mains et même de ressusciter. Le motif biblique est renforcé par le surnom que lui donnent ses compagnons de cellule, « Saint Georges », à cause du tatouage qu’il porte sur le bras. Tourné en studio pendant neuf semaines, Dante 01 ne pèche pas par trop d’ambition, mais au contraire par un manque sérieux de nouveauté, de surprise, de singularité. Certes, la moiteur et l’oppression sont palpables dans cette prison étouffante, mais jamais le film ne parvient à décoller ou à prendre une autre dimension que celle du simple huis-clos carcéral. Et la voix off de Simona Maicanescu, qui ponctue le récit de phrases nébuleuses (« si nous venons tous de la lumière, il appartient à chacun de faire reculer les ténèbres »), renforce hélas l’aspect un peu vain de l’entreprise.
© Gilles Penso