En lieu et place des habituels gros monstres malmenant buildings et véhicules de l’armée, le roi des effets spéciaux Eiji Tsuburaya concocte ici des visions quasiment surréalistes : un amibe spatial qui absorbe un satellite, des hommes et des voitures soumis soudain à l’apesanteur, une usine dont la structure se brise en mille morceaux pour voltiger ensuite vers le ciel comme attirée par un aimant géant, des masses nuageuses surnaturelles emplissant les cieux au-dessus de la cité, des nuées de charbon s’envolant tels des essaims d’insectes… Lorsque la menace prend corps, elle apparaît aux yeux des humains sous forme d’une gigantesque méduse translucide, laquelle finit par se subdiviser en une infinité de sœurs jumelles. Cette créature protéiforme est l’une des plus belles réussites de Tsuburaya, lequel recourt parfois au dessin animé pour visualiser l’action de ses tentacules. Les Japonais mettant un point d’honneur à nommer tous les monstres qui les attaquent (depuis le premier Godzilla, ils en ont pris l’habitude !), celui-ci se voit baptiser « Dogora », du nom de la première ville victime de ses méfaits.