MOTHRA CONTRE GODZILLA (1964)

Le quatrième opus de la saga Godzilla place sur le chemin du dinosaure radioactif un gigantesque papillon mythologique

GOJIRA TAI MOSURA

 

1964 – JAPON

 

Réalisé par Inoshiro Honda

 

Avec Akira Takarada, Yuriko Hoshi, Hiroshi Koizumi, Yu Fujiki, Emi Ito, Yumi Ito

 

THEMA DINOSAURES I INSECTES ET INVERTEBRES I SAGA GODZILLA

Même s’il s’inscrit logiquement dans la saga du grand dinosaure atomique initiée en 1954, Mothra contre Godzilla est aussi une suite/remake du film Mothra que Inoshiro Honda réalisa en 1961 et qui racontait le surgissement d’une chenille colossale, symbole de la révolte de l’environnement contre la cupidité humaine. Le scénario de Mothra inspira d’ailleurs en partie les péripéties de King Kong contre Godzilla. Ce quatrième opus de la série Godzilla capte l’intérêt dès ses premières séquences. Via d’impressionnants effets visuels, un œuf aux proportions gigantesques est rejeté par la mer sur une plage. Les pêcheurs de la côte le vendent à un peu scrupuleux homme d’affaire qui décide de l’exhiber dans un parc d’attractions afin d’en tirer de juteux profits. Entre-temps, Godzilla surgit et lutte contre Mothra, le papillon géant à qui appartient l’œuf, et contre ses deux gardiennes, les minuscules fées jumelles Alilenas soutenues par un couple de journalistes. Déployant toute son énergie, le dinosaure radio-actif sort victorieux de l’affrontement.

Les spectateurs attentifs remarqueront que Godzilla a subtilement changé d’apparence, son costume en latex accentuant la férocité de son faciès, la noirceur de son regard et le froncement de ses arcades sourcilières. Le bref pugilat des deux titanesques créatures s’avère plutôt réussi, la morphologie du papillon géant permettant d’éviter l’anthropomorphisme des combats de King Kong contre Godzilla. D’autant qu’Inoshiro Honda et le concepteur d’effets spéciaux Eiji Tsuburaya optent pour des prises de vues efficaces et un montage très habile. Mais on ne peut pas en dire autant de l’intervention tant attendue des rejetons de Mothra, deux larves géantes en plastique affublées d’un gros nez arrondi et d’yeux bleus ! Au cours de leur interminable combat contre Godzilla, elles n’en finissent plus de le recouvrir d’une toile de soie visqueuse. Et le « Roi des Monstres », insensible auparavant aux armes les plus sophistiquées déployées contre lui par les militaires japonais, s’avère tellement empêtré dans ce cocon qu’il tombe à l’eau et disparaît au beau milieu de l’océan. Il faut bien sûr voir là le symbole des forces de la nature l’emportant sur celles de l’homme, l’écologie étant l’une des thématiques récurrentes de la saga Godzilla.

Les forces de la nature

Compositeur attitré des premiers Godzilla, Akira Ifukube reprend ici les thèmes musicaux écrits par Yuji Koseki dans Mothra, renforçant ainsi le lien mélodique et thématique entre les deux films. La touche exotique est assurée par « l’île des enfants », habitée par des indigènes qui parlent couramment le japonais, et par les Alilenas qui passent le plus clair de leur temps à chanter à deux voix des odes au papillon géant. Incrustées dans les arrière-plans via des blue screens hélas très maladroits, ces dernières sont incarnées par Emi et Yumi Ito, célèbres chanteuses du groupe japonais The Peanuts. Leurs longs discours humanistes sont tellement naïf que, pour un peu, on se laisserait charmer. Lors de sa première distribution en salles en France, Mothra contre Godzilla portait le titre de Godzilla affronte la Chose. Le succès du film fut si retentissant au Japon qu’un nouvel épisode fut mis en chantier dans la foulée, ce qui explique pourquoi le Godzilla suivant, Ghidrah : le monstre à trois têtes, sortit la même année. Une aubaine pour les amateurs de kaiju-eiga !

 

© Gilles Penso



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