LES FRÈRES GRIMM (2005)

De faux chasseurs de monstres incarnés par Matt Damon et Heath Ledger sont pris à leur propre piège…

BROTHERS GRIMM

 

2005 – USA

 

Réalisé par Terry Gilliam

 

Avec Matt Damon, Heath Ledger, Jonathan Pryce, Peter Stormare, Monica Bellucci, Lena Heady, Roger Ashton-Griffiths

 

THEMA CONTES I SORCELLERIE ET MAGIE I LOUPS-GAROUS I VÉGÉTAUX

Les Frères Grimm est un projet fou dont le concept loufoque n’est pas sans évoquer S.O.S. fantômes ou Fantômes contre fantômes. Ici, Jacob et Will Grimm (Heath Ledger et Matt Damon) ne sont pas connus pour leurs contes mais pour leur capacité à venir à bout des esprits maléfiques, des sorcières, des trolls et des monstres en tous genres grâce à une technologie haut de gamme et à une connaissance scientifique affûtée. Leur slogan en dit long : « aucune malédiction que nous ne puissions conjurer, aucun sortilège que nous ne puissions rompre, aucun démon que nous ne puissions vaincre. » Ces activités camouflent une énorme supercherie visant à exploiter la crédulité des paysans à l’aide de comédiens complices et de trucages ingénieux. La petite affaire des frères Grimm marche plutôt bien, en cette aube crédule du 19ème siècle, jusqu’au jour où les autorités les démasquent, sous le commandement du général Delatombe (Jonathan Pryce). Pour éviter le cachot, Jacob et Will sont chargés d’une mission spéciale : se rendre au hameau de Marbaren, soi-disant victime d’une malédiction, et trouver les escrocs à l’origine de cette manipulation. Au cours de leurs investigations, ils sont chaperonnés par l’exubérant officier italien Cavaldi (Peter Stormare). Mais une fois sur place, ils sont bien obligés de constater qu’il n’y a aucun trucage là-dessous. La forêt dans laquelle disparaissent une à une les fillettes du village est en effet habitée par d’inquiétantes créatures, notamment un loup-garou féroce, une sorcière séculaire et des arbres vivants…

Les Frères Grimm contient en substance toutes les facettes de l’univers fou et démesuré de Terry Gilliam. Et pourtant la mayonnaise ne prend pas. Car le récit part dans tous les sens, sans chercher à s’arrêter sur une thématique en particulier. Les relations entre les deux frères sont taillées au burin, les comédiens jouent tous la carte de la caricature, la subtilité n’est guère au rendez-vous et le rire est donc forcé. La volonté de placer l’intrigue dans un contexte historique précis est d’autant plus étrange, les récurrents affrontements entre Allemands et Français n’apportant rien d’autre qu’une série de gags indignes du génial ex-Monty Python.

Un patchwork sympathique

Reste le spectacle lui-même, de très haute tenue il faut bien l’avouer. Les décors y sont grandioses et les effets spéciaux spectaculaires, notamment au cours de cette séquence hallucinante où une fillette voit son visage s’effacer tandis qu’un abominable blob surgit d’un puits avant de se muer en bonhomme en pain d’épice. « Le choix des techniques d’effets spéciaux à utiliser est le fruit de nombreuses discussions », nous explique le réalisateur. « La clef est toujours de savoir quelle est la technique la plus pratique et la moins onéreuse. Parfois il s’agit de trucages numériques dernier cri, d’autres fois de bonnes vieilles maquettes à l’ancienne. » (1) Le scénario des Frères Grimm développe également une connexion avec des œuvres telles que Shakespeare in Love ou Neverland, dans la mesure où l’incroyable aventure que vont vivre les frères Grimm leur inspirera leurs contes les plus célèbres. Mais cette idée n’est qu’effleurée, noyée dans la masse d’un patchwork qui frôle l’indigestion mais emporte tout de même la sympathie.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 2009

 

© Gilles Penso

 

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