Cela dit, le film soulève au moins deux problématiques passionnantes. La première est liée au jardin secret cher à toute enfance, ce monde parallèle que les têtes blondes cultivent intérieurement sans que l’adulte ne puisse y pénétrer. Rien ne nous empêche d’ailleurs de considérer l’histoire de L’Indien du placard comme entièrement imaginée par les enfants, pourquoi pas ? La seconde thématique concerne la sortie de l’enfance, évoquée ici sur trois niveaux. A neuf ans, Omri entre dans l’âge de la désillusion, où le Père Noël s’avère être un mensonge et les magiciens de simples manipulateurs. De son côté, Ours Rapide, l’Indien haut comme trois pommes, a été arraché à sa tribu en plein 18ème siècle, alors que les siens étaient sur le point de déserter de force les vastes plaines pour se retrouver parqués dans des réserves. Quant à Boone, le cow-boy miniature, il a quitté les siens vers la fin des années 1800, à l’aube d’un modernisme amené à balayer peu à peu la sauvagerie et la naïveté de la surface du globe. Riches et profonds, ces thèmes sont malheureusement à peine survolés par Frank Oz et sa scénariste, que l’on connut plus inspirés par le passé (en l’an de grâce 1982, le premier réalisa Dark Crystal et la seconde écrivit E.T.). Du coup, malgré son immense potentiel, L’Indien du placard restera surtout dans les mémoires pour la performance stupéfiante de ses effets visuels.
© Gilles Penso