Au détour de la distribution, on trouve quelques visages familiers, comme Peter Stormare (Minority Report) en témoin du mariage de Sean et Anna, Ted Levine (Le Silence des agneaux) en père de l’enfant aux yeux d’adulte, Anne Heche (Psycho) en femme tourmentée au lourd secret, et surtout une Lauren Bacall encore pleine de vigueur dans le rôle de la pragmatique mère d’Anna. Tout ce beau monde participe pleinement à la crédibilité du film, le scénario leur réservant des réactions logiques dans un contexte qui ne l’est guère. Voilà la grande force du film. Mais c’est également sa faiblesse, paradoxalement, car au-delà du trouble jeté par l’enfant, la situation n’évolue guère. On aurait espéré que le vernis craque dans cette famille bourgeoise bien sous tous rapports, que les véritables visages se révèlent. D’autant que le scénariste de Birth, Jean-Claude Carrière, était un collaborateur fidèle de Luis Buñuel, dont l’exercice favori consistait justement à égratigner la haute société. Il y a bien cette scène marquante, au cours de laquelle le futur mari s’emporte soudain et octroie en public une fessée à son « rival », comme pour se convaincre lui-même qu’il ne s’agit que d’un enfant de dix ans, mais elle fait figure hélas d’acte isolé.