PSYCHO (1998)

Un remake plan par plan du classique d’Alfred Hitchcock par un Gus Van Sant visiblement en panne d’inspiration

PSYCHO

 

1998 – USA

 

Réalisé par Gus Van Sant

 

Avec Anne Heche, Vince Vaughn, Juliane Moore, Viggo Mortensen, William H. Macy, Robert Forster

 

THEMA TUEURS I SAGA PSYCHOSE

Au début des années 80, le succès fulgurant d’Halloween et Vendredi 13 mit sur le devant de la scène les tueurs psychopathes et poussa Universal à lancer les deux premières séquelles de Psychose. Vingt ans plus tard, les fous de la machette et du couteau de boucher reviennent à la mode grâce à Scream et Souviens-toi l’été dernier. Le studio se lance donc dans une nouvelle relecture du chef d’œuvre d’Alfred Hitchcock qu’elle confie à Gus Van Sant. En réalité, Van Sant pense à ce remake dès 1989, mais il n’est alors pas suffisamment connu, malgré le succès d’estime de son film Drugstore Cowboy, et son projet ne convainc pas le studio. Huit ans après, Van Sant est sous le feu des projecteurs grâce à Will Hunting, et Universal lui déroule cette fois-ci le tapis rouge. Sans doute les cadres du studio auraient-ils dû se fier à leur instinct premier, car ce remake marquera sans doute les mémoires comme étant l’un des plus inutiles de l’histoire du cinéma. A part la mise en couleur et le changement de casting, Van Sant se contente en effet de reproduire le film original plan par plan. Les décors, les cadrages, les mouvements de caméra, les costumes, les dialogues, tout est reconstitué à l’identique. On en vient donc à se demander si une colorisation du premier Psychose n’aurait pas été plus efficace.

Là où Brian de Palma (Pulsions, Blow Out, Body Double), Paul Verhoeven (Basic Instinct) ou Robert Zemeckis (Apparences) ont su se réapproprier l’univers d’Hitchcock à travers des œuvres personnelles, Gus Van Sant nous livre un simple travail de décalque qui, sur les bancs de l’école, lui aurait à coup sûr valu un zéro pour cause de copie. La seule « modernisation » un tant soit peu intéressante est le générique en plan-séquence sur les toits de la ville, dont Alfred Hitchcock rêvait pour le premier Psychose mais que les machineries de l’époque ne lui permettaient pas d’obtenir, le contraignant à enchaîner en fondu plusieurs plans distincts. Van Sant comble cette « frustration » dans son remake. Au-delà de cette révision du prologue, les seules libertés que le réalisateur se permet, par rapport à son modèle, sont des images subliminales évasives au moment des meurtres. Un effet gratuit qui atténue considérablement l’impact des scènes en question.

La photocopie d’un chef d’œuvre

Il y a bien quelques audaces intéressantes, comme la suggestion par la bande son de la masturbation de Norman Bates au moment où il observe à la dérobée Marion qui se déshabille. Mais c’est un peu court, et finalement assez gratuit. D’autant que les comédiens supportent fort mal la comparaison avec leurs prédécesseurs, malgré la présence toujours réjouissante de Juliane Moore (Lila Crane) et William H. Macy (le détective Arbogast). Vince Vaughn fait bien pâle figure face à Anthony Perkins, Anne Heche n’a rien de la grâce de Janet Leigh, et Viggo Mortensen n’a pas encore le charisme qu’il acquerra dans le Seigneur des Anneaux. Quant à la bande originale, elle évacue elle aussi toute surprise, Danny Elfman ayant été sommé de reproduire servilement la partition de son mentor Bernard Herrmann en modifiant simplement son tempo. Bref, un exercice futile dont le seul intérêt aura été de rappeler – mais était-ce nécessaire ? – l’inimitable talent du maître Hitchcock. Le public ne s’y trompe pas, réservant à ce Psycho version 1998 un accueil glacial.

 

© Gilles Penso

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