La France profonde que nous décrit Calvaire n’a aucun sens. Les villageois confondent chiens et vaches, ont des rapports sexuels avec les cochons, se livrent à d’improbables chorégraphies dans les bars… Faut-il y lire du surréalisme ? Du cynisme ? Un simple goût pour l’absurde ? Difficile de se prononcer. Au milieu de cette dégénérescence, Laurent Lucas joue avec son apathie habituelle, qui était efficace dans Harry un ami qui vous veut du bien mais s’avère ici rapidement irritable. Passif au-delà de tout, pleurnichard, il n’engendre guère l’empathie et ne construit aucune évolution émotive. Il geint dès le début de son martyre et se contente de cette palette monochromatique, même dans les moments les plus intenses (comme lorsque Bartel le crucifie !). L’assaut final vire au n’importe quoi (on hurle, on se tire dessus, on se sodomise !) et la chute, en queue de poisson, confirme le caractère vain de l’entreprise.
© Gilles Penso