HARPIES (2007)

Dans ce nanar de très haut vol, Stephen Baldwin affronte des monstres de carnaval en se prenant pour le Bruce Campbell de L’Armée des ténèbres

STAN LEE’S HARPIES

 

2007 – USA

 

Réalisé par Josh Becker

 

Avec Stephen Baldwin, Peter Jason, Kristin Richardson, Scott Valentine, Velizar Binev, Jonas Talkington, Atanas Srebrev

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Josh Becker ayant eu l’occasion de diriger un film de science-fiction pour Sci-Fi Channel, le sympathique mais très facultatif Alien Apocalypse avec en tête d’affiche son vieil ami Bruce Campbell, la chaîne lui commande un autre long-métrage du même acabit. Plus inspiré que jamais par L’Armée des ténèbres, Becker concocte donc Harpies, qui prend par moments les allures d’un véritable remake du troisième Evil Dead, tant les emprunts à Sam Raimi sont nombreux et gros comme le nez au milieu de la figure. Qu’on en juge : Stephen Baldwin y incarne Jason, gardien de nuit du Muséum d’histoire naturelle de New York. Un soir, un commando armé fait irruption dans les lieux pour s’emparer d’une amulette aux pouvoirs surnaturels. S’efforçant de leur barrer la route, Jason se retrouve projeté dans les terres de Moldavia, en l’an 972. Là, il découvre des villageois terrorisés par les harpies, d’horribles créatures ailées conçues par l’alchimiste Voran pour le comte de Lord Castor. Armé d’un fusil, Jason est dès lors considéré comme l’Élu, seul capable de vaincre les forces du mal, même si notre homme cherche surtout à trouver le moyen de regagner son époque. N’y aurait-il pas là-dedans un petit air de déjà vu ?

A vrai dire, le quasi-plagiat de L’Armée des ténèbres et l’étrange choix de transposer des créatures de la mythologie grecque en plein moyen âge ne sont que les moindres faiblesses de Harpies. Car le film, tourné dans des extérieurs naturels bulgares comme Alien Apocalypse, souffre de bien d’autres problèmes. Le scénario, déjà gratiné, s’encombre de dialogues d’une rare stupidité, prononcés par des comédiens incroyablement insipides. En tête de casting, Stephen Baldwin cabotine jusqu’à l’outrance, prouvant qu’il est hélas le moins exigeant des membres de sa glorieuse fratrie d’acteurs (quelle dégringolade depuis sa prestation dans Usual Suspects !).

Mais qu’est-ce que Stan Lee fait là ?

Les effets visuels eux-mêmes sont risibles. Car les harpies mises en scène par Becker figurent probablement parmi les monstres les plus grotesques de l’histoire du cinéma, toutes époques confondues. Comment ne pas réfréner d’irrépressibles fous rires face à ces pauvres comédiennes badigeonnées de fond de teint, affublées de dents de vampire en plastique, gesticulant comme si des mouches les agaçaient et poussant des petits cris perçants ? Lorsqu’elles volent, des ailes en image de synthèse s’animent maladroitement dans leur dos et des incrustations hideuses les projettent sur des arrière-plans nuageux. Sans doute se réfèrent-elles quelque part aux monstres légendaires de Ray Harryhausen, comme le laisse imaginer le choix du prénom du héros, mais le créateur des effets spéciaux de Jason et les Argonautes et du Choc des Titans n’avait nul besoin de s’embarrasser d’une si pathétique descendance. Comment diable Stan Lee, le père des super-héros de Marvel, s’est-il retrouvé embarqué dans cette galère ? Producteur exécutif de la chose, il voit son nom orner le titre sur toutes les jaquettes du film, dans un souci évident de doter ce piètre direct-to-video d’une certaine respectabilité. Peine perdue. Car si Harpies échoue par hasard dans un lecteur DVD, il finira probablement dans un lieu qui lui sied davantage : les oubliettes.

 

© Gilles Penso


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