MASQUES DE CIRE (1933)

Un sculpteur fou crée un musée de cire avec le corps de véritables êtres humains qu’il assassine pour l’occasion !

MYSTERY OF THE WAX MUSEUM

 

1933 – USA

 

Réalisé par Michael Curtiz

 

Avec Lionel Atwill, Fay Wray, Glenda Farrell, Holmes Herbert, Frank McHugh, Allen Vincent, Gavin Gordon, Edwin Maxwell

 

THEMA SUPER-VILAINS

Apprécier un film de 1933 tourné en Technicolor est déjà un spectacle hors du commun en soi, mais lorsqu’en plus le film en question s’avère être un monument de l’âge d’or du cinéma fantastique, le plaisir est évidemment décuplé. Après pas moins de 90 films à son actif, dont un mémorable Docteur X déjà en couleurs, le talentueux Michael Curtiz signait ainsi ce Masques de cire inspiré d’une pièce de Charles Belden. Ce fut l’occasion, pour le studio Warner, de marcher à sa manière sur les plates-bandes d’Universal, qui triomphait à l’époque avec Dracula, Frankenstein et La Momie. L’infortuné héros de Masques de cire, Ivan Igor, est comme Michael Curtiz un artiste expatrié venu des pays de l’Est. Sculpteur de grand talent, il crée des personnages historiques pour un musée de cire londonien. Pour visualiser l’extrême réalisme des sculptures, le réalisateur emploie de véritables comédiens grimés dans les plans serrés. Certains d’entre eux ne parviennent guère à conserver un parfait immobilisme, gâchant un peu l’effet souhaité, mais la magnifique naïveté de cette idée visuelle et le surréalisme du résultat obtenu sont du meilleur aloi.

Manque de chance, le musée tenu par Igor n’est guère florissant, et son associé choisit de mettre le feu aux lieux pour toucher la prime de l’assurance incendie. L’artiste tente évidemment de l’en empêcher. Au cours de la lutte qui s’ensuit, le musée part en fumée, et Igor perd l’usage de ses mains et de ses jambes. Douze ans plus tard, il parvient à remettre sur pied un musée similaire, à force de persévérance et d’obstination. Ses sculptures sont plus réalistes que jamais. Et pour cause : elles sont obtenues en recouvrant de cire des êtres humains assassinés ! Car Igor a basculé dans la folie. Désormais, il est prêt à tout pour obtenir le succès et se venger de son associé peu scrupuleux, y compris le meurtre. Le sculpteur fou cache son visage horriblement défiguré sous un masque qui lui donne des traits humains, et se met en tête de recouvrir de cire la belle Fay Wray (héroïne la même année de King Kong) pour la transformer en Marie-Antoinette !

Triste cire

Masques de cire joue à fond la carte du mystère à la Fantomas, avec criminels masqués, portes cachées, passages secrets et cadavres qui disparaissent. Le film se pare en outre de dialogues incisifs, notamment au cours des savoureuses joutes verbales opposant la journaliste qui enquête sur l’affaire et son rédacteur en chef. La mise en scène de Curtiz est magistrale, les comédiens brillants. On regrettera simplement l’absence de musique – si l’on excepte celle du générique. En effet, certaines séquences auraient beaucoup gagné à être soutenues par une partition dramatique, notamment l’incendie du début et le climax mouvementé. Ivan Igor, interprété par un Lionel Atwill délicieusement odieux et paré d’un saisissant maquillage spécial signé Perc Westmore et Ray Romero, marquera tant le public qu’il inspirera un remake officiel (L’Homme au masque de cire de Andre de Toth) et bon nombre d’imitations en tous genres (notamment Le Masque de cire de Sergio Stivaletti et La Maison de cire de Jaume Collet-Serra).

 

© Gilles Penso


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