Le film recycle donc tant bien que mal plusieurs épisodes des aventures de Mowgli racontés par Kipling, non sans une certaine mièvrerie, intégrant au passage la quête cupide d’un sabre précieux déjà présente dans la version de 1942, et reposant sur une love story tout à fait en phase avec les dessins animés produits par les studios Disney dans les années 90, tendance confirmée par le slow langoureux chanté pendant le générique de fin. Du chef d’œuvre animé de 1967, le film de Stephen Sommers récupère la cité des singes (les matte paintings imitant fidèlement les dessins du cartoon), leur roi orang-outan (alors que chez Kipling les singes n’ont pas de chef), son nom (par le truchement d’un clin d’œil sur le portrait du roi Louis), et même la fausse mort de Baloo. Aux côtés de Jason Scott Lee, Cary Elwes interprète un méchant de bande dessinée, John Cleese joue comme à son habitude le « british » délicieusement pédant, et Sam Neill, à contre-emploi, incarne un officier qui semble s’inspirer du colonel Hati du dessin animé, tandis que la peu charismatique Lena Headey est le joli minois de l’affiche. Avec Un cri dans l’océan et La Momie, Stephen Sommers allait nous offrir des spectacles bien plus réjouissants que ce Livre de la jungle édulcoré pour midinettes.
© Gilles Penso