LE LIVRE DE LA JUNGLE (1994)

Le futur réalisateur de La Momie s’empare des célèbres écrits de Rudyard Kipling en donnant la vedette à Jason Scott Lee

THE JUNGLE BOOK

 

1994 – USA

 

Réalisé par Stephen Sommers

 

Avec Jason Scott Lee, Cary Elwes, Lena Headey, Sam Neill, John Cleese, Jason Flemyng, Stefan Kalipha, Ron Donachie

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Ce Livre de la jungle cru 1994 est le troisième long-métrage de Stephen Sommers (après la comédie Catch Me if You Can située dans le milieu des courses automobiles et The Adventures of Huck Finn mettant en vedette Elijah Wood), mais aussi la troisième transposition sur grand écran des célèbres romans de Rudyard Kipling. Producteurs du film, les studios Disney essayaient là de rentabiliser leur patrimoine, mais comment rivaliser avec la somptueuse version de Zoltan Korda et le prodigieux dessin animé de Wolfgang Reitherman ? Le scénario emprunte donc ses éléments à ses deux prestigieux aînés sans chercher à s’approcher davantage du texte original. La différence réside surtout dans le fait que Mowgli a maintenant vingt ans, après un prologue nous le présentant enfant. Nous sommes donc en Inde, au début des années 1900, et le jeune homme n’a rien oublié de son enfance passée dans la jungle avec ses fidèles compagnons : la panthère noire Bagheera, le loup Frère Gris, et l’ours Baloo. Contrairement aux livres et aux adaptations précédentes, nous apprenons en effet que Mowgli et Baloo se sont rencontrés étant enfants et ont grandi ensemble.

Incarné par un athlétique Jason Scott Lee prenant dignement la relève de Sabu, Mowgli a appris de ses amis mammifères la ruse, la souplesse, la langue et les lois indispensables à la survie dans la forêt sauvage. La menace de son ennemi juré, le tigre Shere-Khan, plane d’ailleurs toujours sur lui. Kitty Brydon (Lena Headey), la jeune Anglaise qui fut son premier amour, est encore l’élue de son cœur, mais elle est courtisée par l’impitoyable capitaine William Boone (Cary Elwes), qui n’hésite pas à faire emprisonner son rival et à salir sa réputation. Ce triste événement enseigne à Mowgli la férocité et l’injustice de ses semblables. Grâce à l’influence de son père le colonel Geofferey Brydon (Sam Neill), Kitty obtient la libération de celui qu’elle aime, mais les ennuis ne font alors que commencer…

Romance sauvage

Le film recycle donc tant bien que mal plusieurs épisodes des aventures de Mowgli racontés par Kipling, non sans une certaine mièvrerie, intégrant au passage la quête cupide d’un sabre précieux déjà présente dans la version de 1942, et reposant sur une love story tout à fait en phase avec les dessins animés produits par les studios Disney dans les années 90, tendance confirmée par le slow langoureux chanté pendant le générique de fin. Du chef d’œuvre animé de 1967, le film de Stephen Sommers récupère la cité des singes (les matte paintings imitant fidèlement les dessins du cartoon), leur roi orang-outan (alors que chez Kipling les singes n’ont pas de chef), son nom (par le truchement d’un clin d’œil sur le portrait du roi Louis), et même la fausse mort de Baloo. Aux côtés de Jason Scott Lee, Cary Elwes interprète un méchant de bande dessinée, John Cleese joue comme à son habitude le « british » délicieusement pédant, et Sam Neill, à contre-emploi, incarne un officier qui semble s’inspirer du colonel Hati du dessin animé, tandis que la peu charismatique Lena Headey est le joli minois de l’affiche. Avec Un cri dans l’océan et La Momie, Stephen Sommers allait nous offrir des spectacles bien plus réjouissants que ce Livre de la jungle édulcoré pour midinettes.

 

© Gilles Penso

 

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