REMINISCENCE (2021)

Dans une cité futuriste engloutie sous les flots, Hugh Jackman mène une petite entreprise de voyage à l’intérieur des souvenirs…

REMINISCENCE

 

2021 – USA

 

Réalisé par Lisa Joy

 

Avec Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton, Daniel Wu, Cliff Curtis, Nico Parker, Angela Srafyan, Natalie Martinez, Brett Cullen

 

THEMA FUTUR

Co-créatrice et productrice déléguée de la série Westworld, variante télévisée du thriller de science-fiction Mondwest de Michael Crichton, Lisa Joy fait ses premières armes de réalisatrice sur un des épisodes du show en 2018. La prochaine étape logique est un long-métrage, qu’elle souhaite co-produire avec son époux Jonathan Nolan, jeune frère de Christopher. Elle s’attelle ainsi à l’écriture d’un polar futuriste situé dans un monde mis à mal par une série de conflits, et dont plusieurs grandes villes se retrouvent en partie immergées sous les flots suite au réchauffement climatique. C’est notamment le cas de Miami, où vit Nick Bannister (Hugh Jackman), un vétéran ayant servi sous le drapeau. Depuis la fin de la guerre, il a monté une petite entreprise grâce à une technologie de pointe qui permet à ses clients de voyager dans leurs souvenirs, pour revivre des moments heureux de leur vie ou enquêter sur certains éléments de leur passé. Le texte que Nick prononce lors de chaque « plongeon » dans le passé n’est pas sans rappeler le célèbre monologue de Rod Serling dans La Quatrième dimension (« Préparez-vous à un voyage… »). De temps en temps, il prête main forte à la police pour permettre d’élucider certaines affaires. Sa vie est réglée selon une routine qu’il partage avec son employée et seule véritable amie « Watts » (Thandiwe Newton), elle aussi ancienne combattante d’élite (le spectateur attentif reconnaîtra sous ses traits charismatiques l’héroïne de Mission Impossible 2). Un soir, une inconnue (Rebecca Ferguson) débarque dans leurs locaux, à la recherche d’un souvenir précis. À partir de là, la vie de Nick bascule définitivement.

Dès les premières minutes de Reminiscence, la volonté de la scénariste/réalisatrice est très explicite : mêler les codes du film de science-fiction à ceux du film noir pour concocter une sorte de Faucon maltais futuriste. Tous les ingrédients sont là, disséminés avec soin : la voix off lasse et désabusée du personnage principal, ses allures de détective privé post-Bogart (la barbe de trois jours, le regard triste, un penchant pour la boisson, un passé qui le hante), la femme fatale chanteuse de cabaret qui débarque sans crier gare, les gangsters, les policiers corrompus, les mensonges et les trahisons. Le compositeur Ramin Djawadi, déjà complice de Lisa Joy sur Westworld, s’engouffre dans cette brèche en laissant des guitares électriques et des basses mélancoliques s’inviter dans sa bande originale majoritairement électronique. De fait, la tonalité de Reminiscence est sombre et taciturne, à l’image de son personnage principal blessé par la vie et prêt à tout abandonner pour une obsession qui le mine et le détruit peu à peu.

Un potentiel gâché

Le film est scandé par des visions magnifiques de la ville Miami à moitié enfouie sous les eaux, le sommet des buildings s’érigeant au-dessus des flots qui s’immiscent partout. La Floride se retrouve ainsi transformée en une Venise rétro-futuriste, un train slalomant parfois tel un serpent métallique entre les éoliennes qui surgissent des eaux. La mise en forme de Reminiscence est donc très soignée et son atmosphère parfaitement rendue. Mais c’est du côté de l’intrigue que le bât blesse. Pas particulièrement palpitante, l’enquête de Nick traîne en longueur, d’autant que l’alchimie du couple Hugh Jackman / Rebecca Fergusson (qui partageaient déjà l’affiche de The Greatest Showman) ne saute pas aux yeux. Les deux acteurs ne semblent que peu concernés par leurs rôles, comme s’ils n’y croyaient qu’à moitié. Pire : le principe du voyage dans les souvenirs et des indices qui peuvent s’y cacher offrait mille possibilités scénaristiques passionnantes, quelque part à mi-chemin entre Philip K. Dick et Brian de Palma. On pense à Total Recall, à Inception, à ce que les vas et vient entre le passé et le présent, la réalité et l’illusion, auraient pu apporter à l’intrigue. Hélas, le potentiel du récit est terriblement sous-exploité. L’expérience de Reminiscence s’avère donc décevante, comme en témoigne l’accueil glacial que reçut le film au box-office.

 

© Gilles Penso

 

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