HIGHLANDER : LE GARDIEN DE L’IMMORTALITÉ (2007)

La saga des immortels s’achève sur un film chaotique et bancal mis en scène par le réalisateur du Cobaye

HIGHLANDER: THE SOURCE

 

2007 – USA / GB / LITUANIE

 

Réalisé par Brett Leonard

 

Avec Adrian Paul, Peter Wingfield, Jim Byrnes, Cristian Solimeno, Thom Fell, Stephen Rahman-Hughes, Stephen Wight, Thekla Reuten, Patrice Naiambana

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SAGA HIGHLANDER

Malgré l’accueil très mitigé réservé à Highlander Endgame, les producteurs de la franchise sentaient qu’il y avait encore moyen de rentabiliser le concept imaginé par Gregory Widen. En 2001, les rumeurs tenaces concernant un cinquième long-métrage commencèrent à circuler. Le film ne se concrétisera que six ans plus tard, son développement s’étant heurté à plusieurs obstacles compliqués : la vente des droits de la franchise par Miramax Films, le refus initial d’Adrian Paul sollicité pour tenir le rôle principal, les exigences financières trop élevées de Christophe Lambert contacté en dernier recours pour le remplacer (malgré la mort de son personnage). Après le rachat des droits par Lionsgate Films et une négociation avec Adrian Paul – crédité au générique non seulement comme acteur mais aussi comme membre de la production -, ce cinquième épisode (baptisé d’abord Highlander : The Journey Continues puis finalement Highlander : The Source) entre enfin en production. La mise en scène est confiée à Brett Leonard, qui connut une furtive heure de gloire avec son avant-gardiste Le Cobaye, puis tenta de transformer l’essai avec Programmé pour tuer, Souvenir de l’au-delà, Man-Thing et Feed.

Nous sommes dans une sorte de futur post-apocalyptique où le monde a sombré dans la violence et le chaos. Gangs, charognards et sans-abris se partagent chichement le terrain, tandis qu’un petit groupe d’immortels – bénéficiant sans qu’on comprenne vraiment pourquoi d’un équipement high-tech dernier cri – se met en quête de la « source d’immortalité ». Il s’agit du guerrier Methos, du pirate informatique Reggie, du vaillant Zai Jie et du cardinal Giovanni (un improbable représentant du Vatican). Une fois cette fameuse source localisée, ils vont devoir solliciter l’aide de Duncan MacLeod, qui se la joue loup solitaire taciturne. Le héros de la série TV Highlander se joint à ses anciens compagnons pour faire face à une menace redoutable : le Gardien de la source, un immortel monstrueux doté d’une vitesse et d’une force hors du commun. « C’est l’antéchrist des Immortels » s’exclame Giovanni pour le décrire, tandis que ce méchant grimaçant a transformé le crédo « Il ne peut en rester qu’un » en « Il ne peut rester que moi »…

« Il ne peut rester que moi »

Rarement saga aura aussi bien porté son slogan : « il ne peut en rester qu’un ! » Au miracle sur pellicule concocté au milieu des années 80 par Russell Mulcahy succèdent des suites toutes plus embarrassantes les unes que les autres. Avec Highlander : le gardien de l’immortalité, autant dire que nous atteignons le point de non-retour, ce cinquième épisode nous permettant de sérieusement réévaluer à la hausse ses trois prédécesseurs. Malgré une poignée de panoramas à l’esthétique intéressante (le stade, le monastère, le cimetière embrumé), une violence exacerbée absente des autres opus (gunfights sanglants, têtes arrachées, corps dépecé à coups d’épées, victimes mutilées et découpées, le tout sous les bons auspices du maquilleur spécial Bob Keen) et une musique mi-orchestrale mi-électronique qui prend parfois une belle ampleur, rien n’y fait : le gâchis est quasi-total. Il faut dire que les effets de mise en scène hystériques de Brett Leonard (abus d’accélérés, de flash, de plans de coupe ultra-rapides, de ralentis, de fondus enchaînés à répétition) ne cachent guère la misère. Adrian Paul passe la totalité du film à bouder, le grand méchant se comporte comme un clown hystérique, la bande son nous inflige des reprises ratées de « Princes of the Universe » et « Who Wants to Live Forever » vociférées par le chanteur Chris Cawte, le combat final est un délire psychédélique sur fond de décor de science-fiction new-age. Bref, c’est la totale déconfiture. Prévu pour une sortie en salles, Highlander : le gardien de l’immortalité sera finalement directement diffusé sur Sci-Fi Channel et sombrera tranquillement dans l’oubli.

 

© Gilles Penso


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