SCREAM 3 (2000)

Situé au cœur d’Hollywood, ce troisième épisode ensanglante cette fois-ci le tournage d’un film d’horreur…

SCREAM 3

 

2000 – USA

 

Réalisé par Wes Craven

 

Avec Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Patrick Dempsey, Jenny McCarthy, Parker Posey, Scott Foley, Liev Schreiber, Lance Henriksen

 

THEMA TUEURS I SAGA SCREAM WES CRAVEN

En réalisant La Musique de mon cœur, Wes Craven souhaitait échapper provisoirement au « ghetto » du film d’horreur pour affirmer une sensibilité jusqu’alors peu perceptible et s’efforcer du coup de toucher une audience plus large. Mais les aficionados du cinéaste se sentirent un peu trahis. Malgré des critiques plutôt bienveillantes, Craven revint vite aux recettes qui firent son succès. Le voilà donc à la tête de Scream 3, censé clore la trilogie du tueur au masque blanc. Mais le cœur n’y est pas vraiment, d’autant que le scénario ne cesse d’être réécrit pendant le tournage. Auteur des deux Scream précédents, Kevin Williamson est en effet remercié par les producteurs et remplacé par Ehren Kruger (Arlington Road). D’autre part, la fusillade dramatique qui survient dans le lycée de Columbine en avril 1999 pousse l’équipe du film à changer certains aspects de l’intrigue qui pourraient être jugés de mauvais goût par le public et à en atténuer la violence. Moins sanglant que ses prédécesseurs, plus porté sur la satire, Scream 3 est un film un peu amer, entravé en outre par le contrat de l’actrice Neve Campbell l’empêchant de rester sur le plateau plus de vingt jours. Pas facile, dans ces conditions, de concocter un troisième acte digne de ce nom.

Après le désormais traditionnel double meurtre qui permet au film de démarrer en trombe, nous découvrons que Sidney (Neve Campbell) vit désormais recluse sous une nouvelle identité et vient en aide aux femmes maltraitées. Gale Weathers (Courteney Cox), de son côté, donne des conférences auprès des apprentis-journalistes. Quant à l’ex-flic Dewey (David Arquette), il sert de consultant sur le tournage du film d’horreur « Stab 3 ». Car l’intrigue se situe désormais à Hollywood et s’intéresse aux acteurs qui jouent les personnages que nous connaissons. Découvrir ces faux Sidney, Gale, Dewey et consorts a quelque chose d’assez fascinant qui renforce la mise en abîme – mot d’ordre de la saga depuis le premier Scream. « Déjà vu » s’exclame d’ailleurs Gale en découvrant les décors du film. Et c’est justement pendant le tournage de « Stab 3 » qu’un nouveau tueur au masque blanc et à la bure noire (décidément la psychopathie meurtrière semble être une maladie contagieuse) se met à sévir, bien décidé à tuer les acteurs dans l’ordre dans lequel leurs personnages meurent dans le scénario…

« Coupez ! »

Profitant de son cadre hollywoodien, Scream 3 multiplie les clins d’œil appuyés. Lance Henriksen joue ainsi le producteur (avec dans son bureau un squelette aux allures de Terminator), Roger Corman apparaît brièvement en cadre du studio, Wes Craven en cameraman, Kevin Smith et Jason Mewes font coucou en reprenant leurs rôles fétiches de Jay et Silent Bob et Carrie Fisher incarne une archiviste qui aurait voulu jouer la princesse Leïa ! Quelques idées intéressantes s’appuient sur le décor dans lequel se situe l’intrigue, comme cette actrice qui se cache dans la salle des costumes où pendent plusieurs exemplaires de la panoplie du tueur et qui n’a que des armes factices en caoutchouc pour se défendre. Ou, plus vertigineux encore, cette séquence où Sidney revit l’agression du tueur du premier Scream dans un décor de cinéma reproduisant fidèlement sa propre maison. Sans compter cet effet miroir lié à David Arquette et Courteney Cox, couple dans le film et dans la vie réelle. Mais toutes ces facéties, si cocasses soient-elles, ne sauvent pas le film. Le scénario pousse le bouchon trop loin, ajoutant artificiellement une scène de cauchemar excessive, dégainant régulièrement un gadget improbable qui permet au tueur d’imiter les voix qu’il veut (pourquoi pas des masques comme dans Mission impossible ?), se lançant même dans un long monologue expliquant les règles qui régissent le chapitre final d’une trilogie d’horreur. Trop autosatisfait, Scream 3 se perd ainsi dans des circonvolutions vaines et se compromet dans un chassé-croisé final involontairement parodique qui n’aurait pas dépareillé dans Scary Movie.

 

© Gilles Penso


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