SHARK BAY (2022)

Cinq fêtards se retrouvent isolés au beau milieu d’une mer où rôde un requin vorace dans ce survival redoutablement efficace…

SHARK BAIT

 

2022 – USA

 

Réalisé par James Nunn

 

Avec Holly Earl, Jack Trueman, Catherine Hannay, Malachi Pullar-Latchman, Thomas Flynn, Manuel Cauchi, Joshua Takacs, Maxime Durand, Milo McDowell

 

THEMA MONSTRES MARINS

Tourné à Malte en pleine crise du Covid, Shark Bay (qui fut un temps annoncé sous le titre peu vendeur de Jet-ski) est produit par l’équipe de 47 Meters Down, visiblement désireuse de continuer à poursuivre l’exploration des dangers marins et de la voracité sans limite des grands requins blancs. À la mise en scène, on retrouve James Nunn, qui vient alors de réaliser le thriller d’action One Shot. Face à un tel projet, une question nous taraudait fatalement : comment parvenir encore à surprendre avec un sujet autant galvaudé, dont les bases furent jetées dès 1975 avec le séminal Jaws, mille fois imité mais évidemment jamais égalé ? L’entrée en matière joue ouvertement la carte du déjà-vu, comme pour assumer d’emblée les lieux communs du genre et l’héritage incontournable du classique de Spielberg. Le générique défile donc pendant que la caméra avance sous l’eau menaçante, aux accents d’une partition grondante et sourde. Puis nous découvrons un groupe de jeunes insouciants qui festoient sur la plage. Pas de doute, James Nunn connaît ses classiques.

C’est le dernier spring break de ces étudiants en liesse, alors l’alcool coule à flot et l’esprit est à la gaudriole. L’intrigue se resserre rapidement sur cinq d’entre eux, aux caractères suffisamment archétypaux pour être cernés en quelques minutes par les spectateurs : la délurée Milly (Catherine Hannay), la réservée Nat (Holly Earl), le ténébreux Tom (Jack Trueman), l’athlétique Tyler (Malachi Pullar-Latchman) et l’espiègle Greg (Thomas Flynn). Seule ombre au tableau : un inquiétant mendiant aux jambes amputées qui les met en garde en répétant « tiburon », autrement dit « requin ». Mais seule Nat est un tant soit peu intimidée par cet avertissement. Les autres veulent profiter jusqu’au bout de ce week-end mexicain, quitte à oser quelques petits coups de folie. En trouvant deux jet-skis amarrés sur la rive, ils décident de les « emprunter » sans demander la moindre autorisation. « C’est le spring break, il faut faire des trucs débiles ! » dit Tyler. Voilà pour la motivation. Nos joyeux drilles s’amusent donc à se courser en pleine mer, et ce qui devait arriver arrive : l’accident. Un seul jet-ski flotte encore mais son moteur est endommagé, l’un des étudiants est sévèrement blessé, ils sont perdus au large… Tout est en place pour le drame.

Les bronzés font du jet-ski

En nous rejouant un remake du « Radeau de la Méduse », désespérément agrippés à ce jet-ski transformé en épave flottante, les protagonistes s’éloignent brutalement de la mécanique héritée des Dents de la mer pour nous emmener ailleurs. Certes, le grand requin blanc qui ne tarde pas à passer à l’attaque toutes dents dehors est de toute évidence le descendant direct du « Bruce » de Spielberg, mais finalement on pense plutôt aux Dents de la mer 2ème partie de Jeannot Szwarc, et plus encore à Open Water ou Instinct de survie. Les interventions du squale sont parcimonieuses mais impressionnantes, au sein de séquences immersives d’une redoutable efficacité. Au beau milieu de la délirante déferlante de séries Z ayant transformé les requins en clowns croquemitaines accommodés à toutes les sauces (notamment sous l’impulsion de la franchise Sharknado), ce retour à une certaine sobriété fait du bien. Le suspense s’appuie principalement sur l’attente et le hors-champ. La chaleur, la peur de la noyade, la soif, puis le froid et l’obscurité viennent se mêler à la menace du monstre marin, et les vraies personnalités finissent par se révéler, le courage ou la lâcheté n’étant pas forcément nichés là où on les attend. Bref, malgré quelques facilités liées aux personnages, à leur backstory et à leurs réactions, voilà un survival prenant et oppressant qui tient toutes ses promesses de son concept.

 

© Gilles Penso


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