SUPERARGO CONTRE LES ROBOTS (1968)

Pour sa seconde aventure, le super-héros catcheur affronte des machines humaines créées par un savant fou…

SUPERARGO – L’INVICIBILE SUPERMAN

 

1968 – ITALIE

 

Réalisé par Paolo Bianchi

 

Avec Giovanni Cianfriglia, Guy Madison, Luisa Baratto, Diana Lorys, Aldo Sambrell, Tomas Blanco, Sergio Testori, Valerio Tordi, Aldo Bufi Landi, Valentino Macchi

 

THEMA SUPER-HÉROS I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I ROBOTS

Le sympathique Superargo contre Diabolikus connut un petit succès sur le marché international. Une suite fut donc mise en chantier dans la foulée pour capitaliser sur les exploits de ce super-héros coloré moitié catcheur moitié agent secret. Dans l’espoir un peu vain de nous faire croire que nous avons affaire à un film hollywoodien, l’intégralité de l’équipe – majoritairement italienne – porte un pseudonyme anglo-saxon. Le réalisateur Paolo Bianchi s’appelle ainsi Paul Maxwell, nom sous lequel il signa ses œuvres précédentes (les inénarrables Bagarre à Bagdad pour X-27, Devilman le diabolique et Hypnose ou la folie du massacre). Habitué aux séries B décomplexées, Bianchi prend donc le relais de Nick Nostro, réalisateur du film précédent, et imprime à cette suite un rythme plus dynamique, privilégiant souvent une caméra en mouvement et un montage nerveux pour porter à l’écran les nombreuses séquences d’action. Après un générique joyeusement psychédélique, Superargo contre les robots commence par un match de catch, sacrifiant ainsi à la mécanique instaurée par Superargo contre Diabolikus. L’habile lutteur Jo Brand l’emporte allègrement sur son adversaire, sous les acclamations d’un public en liesse. Mais après le combat, des hommes étranges au visage sans expression, dans des tenues improbables à mi-chemin entre le cosmonaute et le scaphandrier, kidnappent le champion. Les sinistres robots du titre viennent de faire leur apparition…

L’enlèvement du catcheur fait suite à la disparition de dizaines d’autres athlètes. La police est sur les dents et les services secrets, en dernier recours, décident de faire appel à Superargo (le fringuant Giovanni Cianfriglia, dissimulé derrière le pseudonyme de Ken Wood). Celui-ci vient justement de s’entraîner avec l’Indien Kamir (Aldo Sambrell) pour « augmenter son développement psychique. » Il est désormais doué de télépathie, de télékinésie et de précognition, ce qui ne peut pas faire de mal. Il n’empêche que les premières étapes de son enquête échouent lamentablement, jusqu’à provoquer le kidnapping de Claire Brand (Luisa Baratto), la sœur du catcheur. Le fier justicier tente alors le tout pour le tout : il remonte sur le ring avec force publicité pour attirer les kidnappeurs. Le scénario s’affranchit donc ici de l’influence de James Bond pour partir sur une intrigue de pure science-fiction avec des robots qui ne sont pas sans évoquer les Cybernautes de Chapeau melon et bottes de cuir. En coulisses, c’est un nouveau savant fou qui donne du fil à retordre à notre héros. Fasciné par la capacité à transformer les humains en machines, il s’est en effet installé dans un laboratoire futuriste au sein d’un château niché au sommet d’une montagne pour poursuivre ses expériences invraisemblables…

En rouge et noir

Plus assumé que jamais, l’aspect « pulp » de l’aventure nous offre des moments délicieusement kitsch propres à ravir tous les amateurs du cinéma bis décomplexé des années soixante. Comment ne pas se délecter du concept-même du film, parfaitement absurde, qui consiste à mettre en scène un agent secret censé fureter discrètement alors qu’il porte la tenue rouge et noir la plus voyante du monde ? Pour justifier cette panoplie qui lui colle à la peau jour et nuit, Superargo se lance dans une explication limpide : « C’était mon costume de catcheur professionnel. Comme il m’a porté chance, je le porte toujours. » Voilà qui entre en contradiction avec le prologue de Superargo contre Diabolikus, où il disputait dans cette fameuse tenue un combat de catch qui tourna au drame. Qu’importe : la logique et la cohérence ne sont pas les mots d’ordres d’un tel diptyque. Plus puissant que jamais dans ce costume qui s’avère à l’épreuve des balles, le super-agent soulève des troncs d’arbre comme si c’étaient des brindilles, arrache les poteaux télégraphiques et saute jusqu’au sommet des immeubles. Au-delà de son élégante voiture de sport, il utilise un break fabriqué sur mesure dont la carrosserie se hérisse de lames. Son fidèle co-équipier est ici Kamir, sorte de faire-valoir inutile (la plupart du temps il le ralentit et lui fait perdre du temps) supposé apporter une petite touche mystique à l’intrigue. Situés dans le très beau décor du repaire caverneux des vilains, les derniers rebondissements sont dignes d’un serial, jusqu’à la grande bagarre finale dans la forêt et le sable mouvant de circonstance, le tout aux accents d’une musique de Berto Pisano qui continue à se laisser inspirer par John Barry. Nous n’aurions pas été contre un troisième Superargo, mais la « saga » s’arrêta sur ce second opus.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article