MACISTE CONTRE LE CYCLOPE (1961)

Le célèbre héros antique aux muscles saillants affronte un géant à l’œil unique dans cette épopée fantaisiste pseudo-mythologique…

MACISTE NELLA TERRA DEI CICLOPI

 

1961 – ITALIE

 

Réalisé par Antonio Leonuilo

 

Avec Gordon Mitchell, Chelo Alonso, Vira Silenti, Dante DiPaolo, Aldo Bufi Landi, Giotto Tempestini, Paul Wynter

 

THEMA MYTHOLOGIE

Alter-ego imaginaire du demi-dieu Hercule, avec lequel il partage de nombreux attributs, Maciste promena sa colossale silhouette dans une longue série de péplums plus ou moins inspirés par les mythes gréco-romains. En 1961, il jouait des muscles à la fois dans Maciste l’homme le plus fort du monde (sous les traits de Mark Forest), Le Triomphe de Maciste (incarné par Kirk Morris), Maciste contre le Fantôme (avec Gordon Scott), Toto contre Maciste (avec Samson Burke) et Maciste contre le Cyclope où cette fois-ci le rôle est endossé par Gordon Mitchell. Ce don d’ubiquité et cette capacité à changer de visage à loisir prouve l’universalité d’un héros absolu symbolisant mieux que personne l’altruisme, le courage et la lutte face à l’adversité. Chaque film de la série possède sa propre personnalité, son propre style et ses propres ambitions, d’où une inévitable inégalité qualitative d’un long-métrage à l’autre.

Maciste contre le Cyclope, hélas, n’occupe pas le dessus du panier. Quelques grandes figures de la mythologie sont pourtant convoquées dès le prologue, lorsqu’une voix off narrative nous apprend que depuis l’aveuglement du cyclope Polyphème et la trahison de la sorcière Circé par Ulysse, une revanche de longue date se prépare. Les siècles se sont écoulés, mais les deux créatures n’ont guère étanché leur soif de vengeance. Ainsi la reine Capiste, lointaine descendante de Circé, traque-t-elle impitoyablement tous les membres de la lignée d’Ulysse. Sa dernière victime en date, la reine Pélope, est promise aux appétits voraces du cyclope. C’est à cet instant précis que Maciste, surgi de nulle part, décide de prendre part au drame. En s’efforçant de sauver Pélope, il va tenter de communiquer sa bienveillance à Capiste, qui n’est selon lui que la victime de décisions ancestrales la dépassant allègrement.

L’œil du cyclope

Le sujet est loin d’être inintéressant, d’autant que dès son apparition, Maciste est déifié. A moitié nu, comme échoué au bord des flots à la manière d’une contrepartie masculine de la Venus de Botticcelli, il semble envoyé par les dieux de l’Olympe pour régler le conflit. Hélas, l’aspect fantastique de l’intrigue s’évapore bien vite au profit de péripéties d’une grande banalité collectant un à un tous les clichés inhérents au genre : poursuites à cheval, démonstrations de force dignes d’un Hercule de fête foraine, combats de catch assez ridicules, scènes de séduction amusantes où Maciste bombe un poitrail exagérément saillant… Quant au cyclope promis par le titre, il pointe son nez à la toute fin du film. Bizarrement, son œil est intact – n’a-t-il pas été aveuglé par Ulysse ? Grâce à un habile jeu de perspectives forcées, l’affrontement entre ce géant grognant et le sculptural héros fonctionne plutôt bien. Mais sa brièveté le rend très frustrant. D’autant que quelques années plus tôt, le cinéma avait su nous offrir des cyclopes autrement plus impressionnants, notamment celui d’Ulysse avec Kirk Douglas, ou ceux du 7ème voyage de Sinbad, superbement animés par Ray Harryhausen. Ce combat furtif resservira pourtant – en tant que stock-shot – dans l’anachronique Maciste en Enfer de Riccardo Freda.

 

© Gilles Penso


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