SURF NAZIS MUST DIE (1987)

Après une catastrophe ayant ravagé la Californie, des gangs violents sévissent partout, notamment les redoutables nazis surfeurs !

SURF NAZIS MUST DIE

 

1987 – USA

 

Réalisé par Peter George

 

Avec Gail Neely, Robert Harden, Barry Brenner, Dawn Wildsmith, Michael Sonye, Joel Hile, Gene Mitchell, Bobbie Bresee

 

THEMA FUTUR

Il n’y avait guère que la compagnie de production Troma pour oser sortir un film affublé d’un tel titre. Difficile, quand on observe le poster (sur lequel on peut lire « les plages sont devenues des champs de bataille… les vagues sont une zone de guerre ! »), de savoir vraiment à quoi s’attendre. Un récit post-apocalyptique en bord de mer ? Une parodie futuriste ? Un thriller âpre et violent ? Surf Nazis Must Die, c’est un peu tout ça à la fois, mais c’est surtout n’importe quoi. Hésitant entre Mad Max et Orange mécanique, le scénario imagine qu’un gigantesque tremblement de terre a frappé la Californie et que les États-Unis en sont désormais réduits à l’anarchie et à la violence quotidienne, sous l’impulsion de plusieurs gangs improbables. Le pire d’entre eux est sans doute la bande des « Surf Nazis », qu’on pourrait décrire comme… disons des nazis sur des surfs ! Le chef s’appelle Adolf (Barry Brenner), sa petite amie Eva (Dawn Wildsmith), ses alliés les plus proches Mengele (Michael Sonye) et Hook (Joel Hile), et tout ce beau monde s’autoproclame roi des plages. Aucun gang ne semble leur résister, tandis que les autres surfeurs tremblent comme des feuilles en les croisant.

 

À part quelques bagarres entre bandes rivales, il ne se passe pas grand-chose de marquant en termes d’action. Les acteurs sont catastrophiques, les costumes ridicules, et nous n’évoquerons pas la qualité des dialogues par pure charité. Cela dit, les amateurs de phrases colorées et pittoresques seront probablement séduits par les répliques poétiques d’Eva : « Espèce de suceur d’ordures néanderthalien, comment oses-tu remettre en question mon autorité ? », ou encore le très poétique « Je suis la pute d’Adolf, trouve-toi une autre chatte » ! Le véritable problème, c’est qu’à l’exception du personnage de la vénérable Eleanor « Mama » Washington (Gail Neely) s’ennuyant ferme dans sa maison de retraite, qui tronçonne les arbres devant sa fenêtre pour avoir une meilleure vue ou organise des parties de cartes enfumées avec ses compagnons de chambre, aucun second degré ne vient tempérer cet excès de balourdise. Certaines séquences se prennent même franchement au sérieux, comme lorsqu’une mère de famille (Bobbie Bresee) s’inquiète à l’idée que son fils fréquente des néo-nazis.

« Goûte l’un des cookies maison de la Mama ! »

L’intérêt du film est maigrement relancé lorsque nos fascistes sur planche tuent au cours d’une rixe le fils unique d’Eleanor. Obsédée par la vengeance, celle-ci fait l’acquisition d’un Beretta (« Je suis intéressée par quelque chose qui puisse arracher la tête d’un sale blanc à vingt pas » dit-elle à l’armurier) et désormais plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’intrigue vire alors à la course-poursuite mâtinée de clins d’œil aux joyaux de la blaxploitation et s’achève dans un délirant bain de sang. Eva finit décapitée en gros plan par un bateau et Adolf est occis d’une balle en pleine bouche (« goûte l’un des cookies maison de la Mama ! » lui lâche une Eleanor en très grande forme). Ne reculant devant rien, le réalisateur nous offre en guise d’épilogue l’image absurde de la furie vengeresse regagnant ses pénates sur sa moto en ricanant ! George Miller et Stanley Kubrick auraient-ils pu se douter une seule seconde qu’ils donneraient naissance à un tel rejeton ?

 

© Gilles Penso


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