FUMER FAIT TOUSSER (2022)

Une équipe de super-héros à mi-chemin entre Bioman et les Power Rangers prend quelques jours de repos au bord d’un lac…

FUMER FAIT TOUSSER

 

2022 – FRANCE

 

Réalisé par Quentin Dupieux

 

Avec Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, Vincent Lacoste, Alain Chabat, Adèle Exarchopoulos, Benoît Poelvoorde

 

THEMA SUPER-HÉROS I ROBOTS

La deuxième partie de 2022 aura pris la forme d’un double cadeau pour tous les amateurs du cinéma déjanté de Quentin Dupieux. Coup sur coup – à cinq mois à peine d’intervalle – seront en effet sortis en salle son neuvième et son dixième long-métrage, autrement dit Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser, respectivement en juin et novembre de la même année. Tout juste remis du sous-sol à voyager dans le temps qui détraquait la vie d’Alain Chabat et Léa Drucker, nous voilà face à une sorte de parodie de Bioman qui se transforme en cours de route en variante de Creepshow ou des Contes de la Crypte ! Comme s’il voulait célébrer son dixième long sous forme d’un feu d’artifice bizarroïde, Dupieux convoque plusieurs de ses acteurs fétiches plus d’autres visages familiers du grand public et parvient ainsi à réunir l’un des castings les plus savoureux et les plus variés de sa déconcertante filmographie. En plantant ses caméras dans la campagne du Gard et en occupant une fois de plus la grande majorité des postes artistiques clés (le scénario, la réalisation, la photographie), « Mr. Oizo » concocte donc une nouvelle œuvre totalement inclassable, en totale roue libre, à mi-chemin entre la comédie burlesque, l’horreur satirique et la science-fiction japonaise.

Dans une époque indéterminée qui semble – comme souvent chez Dupieux – coincée entre les années 80 et les années 2000, un enfant demande à ses parents d’arrêter leur voiture pour aller se soulager la vessie. Dans le terrain vague où il s’isole, le petit garçon assiste à une scène digne d’un épisode des Power Rangers : cinq super-héros casqués en combinaison moulante se battent contre une tortue géante en caoutchouc. Il s’agit des membres de la « Tabac Force », des justiciers intrépides qui portent le nom de Benzène (Gilles Lellouche), Nicotine (Anaïs Demoustier), Methanol (Vincent Lacoste), Ammoniaque (Oulaya Amamra) et Mercure (Jean-Pascal Zadi). Accompagnés de leur fidèle robot Didier-500, ils combinent leurs pouvoirs toxiques pour détruire le super-vilain (en une belle explosion visqueuse) puis s’auto-congratulent joyeusement. Mais avant leur prochaine mission, ils sont sommés de partir au vert pendant une semaine pour améliorer la cohésion de leur groupe. Entretemps, le sinistre Lézardin (Benoît Poelvoorde), empereur du mal, se prépare à anéantir la planète Terre…

Sans queue ni tête

Complètement délirante, cette parodie des programmes dont se délectaient les jeunes téléspectateurs des années 80, à mi-chemin entre le Bioman des Nuls et le Biouman des Inconnus, part brutalement dans une toute nouvelle direction. Les « Super Sentaï » cèdent alors le pas à l’horreur burlesque, le temps de quelques histoires courtes hallucinantes (sur lesquelles plane l’ambiance des « EC Comics ») animées par d’autres comédiens tout aussi désopilants que ceux qui incarnent la « Tabac Force ». Place donc à Adèle Exarchopoulos, David Marsais, Doria Tillier et Jérome Niel pour le récit d’un casque de pensée aux effets inattendus, ou plus tard à Blanche Gardin, Anthony Sonigo et Raphaël Quenard pour nous raconter les méfaits d’une machine broyeuse. Véritable best-of d’idées folles jetées les unes après les autres au fil d’un scénario qui s’efforce de les enchaîner comme il peut, Fumer fait tousser nous offre une galerie de créatures aberrantes, du petit robot échappé de San Ku Kaï au cafard géant caoutchouteux à la Spectreman en passant par un rat baveux digne des Feebles (qui s’exprime avec la voix d’Alain Chabat) ou un barracuda qui parle. C’est drôle, absurde, sans queue ni tête, et le tout s’achève sur une « non-fin » en suspension qui nous laisse totalement frustrés et incrédules – mais également euophoriques, allez comprendre !

 

© Gilles Penso


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