LA MAISON DE DRACULA (1944)

Dans ce grand « medley » estampillé Universal, les grands monstres du répertoire classique se croisent et s’affrontent au fil d’un scénario rocambolesque…

HOUSE OF DRACULA

 

1944 – USA

 

Réalisé par Erle C. Kenton

 

Avec Lon Chaney Jr, John Carradine, Glenn Strange, Martha O’Driscoll, Lionel Atwill, Jane Adams, Onslow Stevens

 

THEMA FRANKENSTEIN I DRACULA I LOUPS-GAROUS I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Dans cette suite directe de La Maison de Frankenstein, toute la galerie monstrueuse échappée du bestiaire Universal revient faire un tour de piste sauf Boris Karloff, qui a définitivement déserté la série. Ici, le comte Dracula (John Carradine, arborant fièrement un haut-de-forme et un costume à queue de pie d’un autre âge) et un Larry Talbot moustachu (Lon Chaney Jr) demandent au respectable docteur Edelmann (Onslow Stevens) de les soigner de leurs maux respectifs : le vampirisme et la lycanthropie. Le médecin détecte une toxine étrange dans le sang de Dracula, et s’efforce de procéder à une série de transfusions tout en créant un antidote. Quant à Talbot, une radiographie révèle une pression sur son cerveau qui crée une sécrétion glandulaire anormale. Edelmann se propose de remodeler sa boîte crânienne grâce à la moisissure d’une plante tropicale qui ramollit les os sans intervention chirurgicale. Il y a donc un espoir pour notre lycanthrope. Mais Talbot ne se sent pas capable d’attendre et se jette dans la mer du haut d’une falaise. Edelmann le retrouve vivant – et très poilu – dans une grotte sous-marine.

Un hasard ne venant jamais seul, la grotte en question présente les caractéristiques idéales pour faire pousser les fameuses plantes tropicales, et abrite en outre le squelette du docteur Niemann et le corps toujours vivant du monstre de Frankenstein (nous les avions quittés enlisés dans un marais à la fin du film précédent mais bon, nous ne sommes plus à une aberration près). Edelmann résiste à son envie de ranimer le corps et se voit contraint de se débarrasser de Dracula, qui tentait de vampiriser Miliza (Matha O’Driscoll), une de ses assistantes. Il ouvre donc son cercueil en plein jour, et c’en est fini du saigneur des ténèbres. Edelmann réussit à soigner Talbot (enfin !), mais il a été contaminé par le sang de Dracula lors d’une transfusion. Il commence alors à se transformer physiquement au cours d’une scène étonnante où son reflet disparaît progressivement du miroir qui le reflète. Émule du docteur Jekyll, il libère sa bestialité la nuit, assassinant son employé Siegfried et son infirmière Nina, puis ranimant le monstre de Frankenstein (incarné par Glenn Strange pour la seconde fois) afin de percer le secret de l’immortalité. C’est donc la grosse pagaille. Et ce n’est pas fini !

Rebondissements en série

Les derniers rebondissements de La Maison de Dracula s’avèrent aussi rocambolesques que ceux d’un serial mâtiné de Vaudeville. Alors que le loup-garou Talbot parvient à abattre le docteur d’un coup de revolver et à s’enfuir du château avec Miliza, le monstre de Frankenstein soudain ranimé intervient trois minutes avant le carton « The End » pour menacer les paysans. Mais un court-circuit l’enflamme et le détruit, ce qui permet à Erle C. Kenton de réutiliser à l’occasion des stock-shots du Spectre de Frankenstein. Le final prend donc une fois de plus la forme d’un grand incendie qui réduit à néant la quasi-totalité du casting… Sauf Talbot et sa nouvelle dulcinée, la belle Miliza, qui assistent à la catastrophe, tendrement enlacés. Il était temps que ce bon vieux lycanthrope ait droit à un happy end digne de ce nom. Si le scénario n’apporte aucune réelle nouveauté, il est traité de manière moins découpée que La Maison de Frankenstein, préférant mêler davantage les trois monstres principaux et leurs intrigues. Ce sera la dernière exploitation « sérieuse » du patrimoine monstrueux des studios Universal, avant le recyclage parodique orchestré par Abbott et Costello.

 

© Gilles Penso


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