MAUVAIS ESPRIT (2003)

Thierry Lhermitte incarne un brillant architecte dont le bébé est possédé par un homme revanchard dont il a provoqué accidentellement la mort…

MAUVAIS ESPRIT

 

2003 – FRANCE

 

Réalisé par Patrick Alessandrin

 

Avec Thierry Lhermitte, Ophélie Winter, Maria Pacôme, Michel Müller, Leonor Watling, François Levantal, Clémentine Célarié

 

THEMA ENFANTS

Thierry Lhermitte fait partie de ces comédiens qu’on a du mal à ne pas trouver sympathique, et ses hallucinantes performances dans des œuvres mythiques comme Le Père Noël est une ordure ou Le Dîner de cons le hissent au niveau des meilleurs acteurs comiques de sa génération. Notre désarroi de spectateur est donc d’autant plus grand lorsqu’on le voit échouer dans des naufrages aussi navrants que ce Mauvais esprit. « Je n’ai jamais eu beaucoup de flair dans le choix de mes films », nous avoue-t-il. « A l’époque où l’on m’avait proposé l’un des rôles principaux dans Trois hommes et un couffin, j’avais préféré jouer dans Le Mariage du siècle, c’est vous dire ! » (1) Il est probable que l’intuition lui fit à nouveau défaut ici. Pourtant, il faut reconnaître que Mauvais esprit partait avec quelques atouts en poche, notamment un auteur réalisateur prometteur qui signa la rafraîchissante comédie Quinze août (taillée sur mesure pour Jean-Pierre Darroussin, Richard Berry et Charles Berling). Mais le scénario, mariant maladroitement le concept d’Allo Maman ici bébé avec un vague argument fantastique, ruine rapidement tout le potentiel comique du film.

Lhermitte incarne ici Vincent Porel, grand ponte de l’industrie du bâtiment. Son dernier projet en date est la construction d’un stade olympique. Or l’architecte auteur du concept original est Simon Variot (Michel Müller), qui l’avait conçu pendant ses études et s’est fait tout bonnement voler le projet. Orphelin, frappé par les oreillons au moment de passer le concours d’architecture, errant de petits boulots en petits boulots, trompé par sa petite amie Carmen (Leonor Watling) qui se jette dans les bras de son meilleur ami (François Levantal), Simon est le parfait archétype du malchanceux. Lorsqu’il découvre que son projet de stade olympique est en train de lui échapper, il décide d’aller en toucher deux mots à Porel. Mais ce dernier l’éconduit prestement et le renverse accidentellement avec sa voiture (Müller est à l’occasion remplacé par un personnage en 3D qui voltige au-dessus du véhicule comme dans un cartoon). Simon meurt aussitôt, mais il se réincarne dans le corps du bébé de Porel. Pour se venger, Simon va donc devenir un enfant infernal, insupportable et incontrôlable, transformant rapidement la vie de son père en véritable enfer.

Chérie j’ai réincarné le bébé !

L’idée de base repose donc sur un concept pour le moins tiré par les cheveux. Comme en outre les gags sont poussifs, les situations comiques fort mal amenées et les dialogues médiocres, il n’y a pas grand-chose à sauver de cette triste entreprise. Sans parler de Michel Müller, qui assure la voix off du bébé avec un manque de conviction qui ne prête que rarement au rire. Lhermitte fait donc ce qu’il peut mais en vain, Ophélie Winter est parfaitement transparente dans le rôle de son épouse glaciale, Clémentine Célarié assure le service minimum en associée de Porel. Reste Maria Pacôme, qui apporte un petit grain de folie plutôt bienvenu en incarnant la mère de Porel (de toutes façons Pacôme est toujours impeccable, quel que soit son personnage). Pour augmenter l’impact de ses séquences « comiques », Alessandrin fait appel à moult trucages numériques souvent très réussis, permettant de visualiser les gigantesques bêtises de bébé Porel. Mais sans bonnes idées à défendre ni scénario digne de ce nom, les meilleurs effets spéciaux du monde ne sont que des cache-misères.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2002

 

© Gilles Penso


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