LES CRÉATURES D’UN MONDE OUBLIÉ (1971)

La trilogie préhistorique de la Hammer s’achève sur une fable sauvage évacuant les dinosaures au profit d’un peu plus de violence et d’érotisme…

CREATURES THE WORLD FORGOT

 

1971 – GB

 

Réalisé par Don Chaffey

 

Avec Tony Bonner, Robert John, Julie Ege, Brian O’Shaughnessy, Sue Wilson, Rosalie Crutchley

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Malgré le charme indéniable de leurs actrices vedettes en peaux de bête, l’intérêt majeur d’Un million d’années avant JC et Quand les dinosaures dominaient le monde, les deux « films préhistoriques » précédents produits par la compagnie britannique Hammer Films, était la présence de superbes dinosaures animés en stop-motion par Ray Harryhausen puis Jim Danforth. En supprimant les grands monstres pour faire des économies, le producteur Michael Carreras émousse fatalement les attraits des Créatures d’un monde oublié, achevant cette trilogie atypique sur une note mitigée. Pour essayer de mettre un maximum de chances de son côté, Carreras (qui signe le scénario), sollicite une fois de plus le talentueux réalisateur Don Chaffey et le compositeur Mario Nascimbene, dont la musique tribale emprunte parfois ses envolées au « Sacre du Printemps » de Stravinsky. Le film s’ouvre sur une double éruption volcanique à base de maquettes et d’effets pyrotechniques efficaces, dont plusieurs plans sont directement empruntés à Un Million d’années avant JC. Ce type de séquence, généralement réservé au climax de ce genre de film, permet de faire démarrer le métrage sur des chapeaux de roue.

Nous sommes dans un monde préhistorique sauvage et austère. Une femme meurt en donnant naissance à deux jumeaux. Dès l’enfance, ces derniers passent leur temps à s’affronter et à s’opposer. Lorsqu’ils deviennent adultes, cette rivalité ne s’est pas calmée. Rool est brutal et veule tandis que Toomak montre une attitude largement plus héroïque. Cette rivalité ne va évidemment pas se calmer lorsque leur père meurt, embroché par un mammifère cornu… Hélas, l’aventure tourne bien vite à l’exotisme d’opérette. Les personnages, qui ne s’expriment qu’avec des grognements et des borborygmes, sont visiblement très primaires et s’habillent pourtant avec des manteaux en fourrure, portent des sandales, arborent des bijoux en ossements et pratiquent les sépultures. Nous nageons donc en plein anachronisme…

Rituels primitifs

Les cérémonies rituelles, quant à elles, prennent une tournure surréaliste avec leurs danseuses aux seins nus, leurs hommes déguisés en arbres et leur trône en forme de requin/dinosaure. Pour sacrifier à la tradition, Chaffey met en scène un combat de catch féminin en peaux de bêtes. En guise de monstre préhistorique, nous n’avons hélas à nous mettre sous la dent qu’un homme costumé en ours des cavernes qui affronte très placidement l’un des protagonistes dans une grotte. Seul point véritablement intéressant à noter dans Les Créatures d’un monde oublié : certaines scènes primitives témoignent d’une brutalité et d’une sauvagerie (dépeçage des bêtes, combats à l’arme blanche, rites barbares) qui semble préfigurer la vogue des films de cannibales italiens prête à se déployer sur les écrans quelques années plus tard. Le film est également connu en France sous un titre alternatif qui n’hésite pas à en faire des tonnes : Violence et sexe aux temps préhistoriques !

 

© Gilles Penso


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