LE RETOUR DES TOMATES TUEUSES (1988)

Dix ans après L’Attaque des tomates tueuses, cette suite s’autorise tous les délires et réserve un rôle secondaire à un certain George Clooney…

RETURN OF THE KILLER TOMATOES

 

1988 – USA

 

Réalisé par John DeBello

 

Avec Anthony Sarke, George Clooney, Karen Mistal, Steve Lundquist, Charlie Jones, John Astin, Frank Davis, Ian Hutton

 

THEMA VÉGÉTAUX I SAGA LES TOMATES TUEUSES

Le succès inattendu de L’Attaque des tomates tueuses, conçu principalement comme une blague potache muée en long-métrage semi-amateur bricolé avec les moyens du bord, ne pouvait rester sans suite. Après avoir tenté de varier les plaisirs avec la comédie Happy Hour (passée totalement inaperçue), le scénariste / réalisateur / producteur John DeBello se ravise et décide de bâtir la quasi-totalité de sa carrière (et de son fonds de commerce) autour des tomates tueuses. Voici donc venir, dix ans après le premier film, sa première séquelle : Le Retour des tomates tueuses. Le film n’a rien pour entrer dans les mémoires, mais il aura généré autour de lui un culte disproportionné, moins pour son scénario absurde que pour la présence, au beau milieu du casting, d’un jeune premier nommé George Clooney. Alors en tout début de carrière, la future star d’Urgences, Une nuit en enfer et Ocean’s Eleven se livre à une prestation joyeusement caricaturale, sa coupe « mulet » typique des années 80 en ayant traumatisé plus d’un ! La distribution du film nous réserve d’autres surprises, notamment la présence de John Astin, inoubliable Gomez de la série La Famille Addams dans les années soixante.

Tout commence par un faux départ : le film imaginaire Les filles aux gros nénés vont à la plage et enlèvent le haut (tout un programme !) s’interrompt aussitôt pour céder la place au long-métrage qui nous intéresse. Depuis « La Grande Guerre des Tomates » racontée dans le film précédent, le commerce du légume tueur a été définitivement interdit. Tandis que le prix des tomates flambe sur le marché noir, le professeur Gangrène (John Astin), un chercheur en biogénétique, réussit à leur donner une apparence humaine. Il constitue ainsi une armée de tomates à sa solde, déguisée en milice bodybuildée aux allures d’émules de Rambo. De son côté, Chad Finletter (Anthony Sarke), condamné à faire des pizzas sans tomates, tombe amoureux fou de Tara Boumdea (Karen Mistal), l’assistante et maîtresse de Gangrène. Tara s’échappe bientôt du labo avec VT, une grosse tomate velue, fruit d’une expérience ratée que Gangrène s’apprête à jeter. Elle en fait son animal de compagnie et s’installe chez Chad et son frère Matt (George Clooney). Mais Igor (Steve Lundquist), un homme-tomate idiot à la solde de Gangrène qui rêve de devenir présentateur télé, les suit partout à bord de son camion poubelle…

Clins d’œil

On le voit, l’intrigue du Retour des tomates tueuses part dans tous les sens, profitant d’un prétexte scénaristique invraisemblable (les légumes assassins sont transformés en simulacres d’humains) pour éviter les effets spéciaux trop complexes. Ceux qui espéraient des séquences épiques de tomates géantes prenant en chasse des passants affolés en sont pour leurs frais. En guise de trucages, nous n’avons droit qu’à des effets lumineux rudimentaires symbolisant la métamorphose des légumes en humanoïdes. Partisan de la mise en abîme permanente, le film brise sans cesse le fameux quatrième mur pour faire du spectateur son complice. Le tournage du Retour des tomates tueuses s’interrompt ainsi faute de budget, les acteurs exhibant alors toutes sortes de sponsors en gros plan pour renflouer les caisses (une séquence qui annonce un gag similaire dans Wayne’s World) ; les stock-shots du film précédent sont dénoncés comme une technique facile pour économiser de l’argent ; les héros se servent du scénario pour écrire un message ; l’éventualité d’une séquelle est évoquée… Bref on cligne de l’œil vers le public de manière appuyée, sans que les effets comiques y gagnent beaucoup en efficacité. Il faut dire que le look de soap opéra du film, sa musique atroce et sa mise en scène peu inspirée jouent cruellement en sa défaveur. Le concept fera pourtant recette, générant d’autres suites et des adaptations télévisées.

 

© Gilles Penso


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