L’ATTAQUE DES DONUTS TUEURS (2016)

Attention, c’est la panique : des beignets cuits dans de l’huile de friture irradiée se transforment en créatures assoiffées de sang !

ATTACK OF THE KILLER DONUTS

 

2016 – USA

 

Réalisé par Scott Wheeler

 

Avec Justin Ray, Kayla Compton, Ben Heyman, Michael Swan, Philip Fallon, Aaron Groben, Lauren Compton, Kassandra Voyagis

 

THEMA MUTATIONS

Il y a les mauvais films volontairement drôles, les mauvais films involontairement drôles et les mauvais films qui voudraient être drôles sans y parvenir. L’Attaque des donuts tueurs appartient hélas à la troisième catégorie. Son réalisateur Scott Wheeler avait pourtant commencé sa carrière sur des chapeaux de roue. Grand spécialiste des effets spéciaux visuels, il contribua aux tours de magie numériques de plusieurs séries TV de renom telles que Xena la guerrière, X-Files, Buffy contre les vampires, De la Terre à la Lune, Millenium, Dune ou Battlestar Galactica. Mais à partir du début des années 2000, ses talents furent sollicités par de plus en plus de productions vidéo fauchées imitant les grands succès du moment (Boa vs Python, Robot War, Jurassic Commando, Mega Shark VS. Giant Octopus et des dizaines d’autres nanars du même acabit). Passé à la réalisation en 2008, il s’attacha aux mêmes genres de séries Z photocopiant les blockbusters des grands studios (Transmorphers, Avalanche Sharks, Martian Land). Il ne fallait donc pas s’attendre à des merveilles avec L’Attaque des donuts tueurs. Ce que le film a de meilleur, c’est probablement son titre. Et encore : ce dernier n’est que faussement novateur, puisqu’il se calque volontairement sur le mythique L’Attaque des tomates tueuses de John De Bello.

Johnny Wentworth (Justin Ray) vit chez sa mère (Kassandra Voyagis) et cohabite avec l’excentrique oncle Luther (Michael Swan). Ce dernier se prend pour l’Herbert West de Re-Animator, expérimentant un sérum sensé ressusciter un rat mort qui le transforme en bête féroce et vorace. On sent bien que c’est de là que le drame va poindre… Johnny gagne un salaire de misère dans un petit snack-bar minable nommé Dandy Donuts. Sa collègue de travail, Michelle Kester (Kayla Compton), n’est pas insensible à ses charmes, mais lui n’a d’yeux que pour la blonde Veronica (Lauren Compton), une petite-amie vénale et infidèle. Tout ceci n’est pas très passionnant, malgré les grimaces de Chris de Christopher qui tente de nous arracher quelques sourires dans le rôle du patron acariâtre Cliff affublé d’une perruque improbable. Et voilà que débarque l’oncle Luther, qui se dispute aussitôt avec Cliff et laisse échapper de la poche de sa blouse une étrange substance verdâtre. Celle-ci plonge aussitôt dans l’huile de friture où cuisent les donuts. Et là, c’est la panique. Car les savoureux beignets ronds, dès lors contaminés, se transforment en créatures voraces qui dévorent tout sur leur passage…

Beignets niais

Mal écrit, mal joué, pas terriblement réalisé, très modérément drôle, L’Attaque des donuts tueurs s’appuie sur des gags à base de flatulences toxiques, de déjections verdâtres et de timides effets gore. On sent bien que l’effet culte est en ligne de mire, mais cette micro-production à mi-chemin entre celles de Troma et celles d’Asylum se cherche sans trouver le ton juste. D’autant que la galerie de personnages secondaires caricaturaux qui surgissent sur le chemin des protagonistes (les clients, les voisins, les flics) n’apportent rien de très intéressant au film. On note qu’au milieu d’un casting de parfaits inconnus apparaît C. Thomas Howell (héros de Hitcher, Soul Man et L’Aube rouge tout de même !) dans le rôle d’un policier hargneux et peu scrupuleux. Finalement, les personnages les plus intéressants restent les donuts eux-mêmes. Les petits monstres sucrés s’agitent avec beaucoup de dynamisme, exhibent de redoutables dents acérées, dévorent tous ceux qui passent à leur portée, crachent des jets acides, poussent des petits cris de Gremlins et rebondissent en émettant un bruit de ressort cartoonesque. Quant à ceux qui ont le malheur de les manger, dire que leurs intestins passent un mauvais quart d’heure est un doux euphémisme. Dommage que ces bestioles joyeusement absurdes ne soient pas au service d’une comédie d’horreur mieux construite et un tantinet plus exigeante.

 

© Gilles Penso


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