L’ATTAQUE DES TOMATES TUEUSES (1978)

Attention, c’est la panique : les tomates ont décidé de se révolter contre l’humanité et de dévorer tous ceux qu’elles croisent !

ATTACK OF KILLER TOMATOES !

 

1978 – USA

 

Réalisé par John De Bello

 

Avec David Miller, George Wilson, Sharon Taylor, J. Stephen Peace, Ernie Meyers, Eric Christmas, Ron Shapiro, Al Sklar, Jerrold Anderson, Don Birch

 

THEMA VÉGÉTAUX

En 1976, à l’âge de 24 ans, John De Bello réalise en 8 mm le court-métrage Attack of the Killer Tomatoes ! qui raconte l’attaque de la population par des tomates qui se révoltent du jour au lendemain. Maladroit, poussif et très modérément drôle, ce galop d’essai d’un quart d’heure laisse pourtant entrevoir le potentiel d’une parodie absurde des films d’attaques de monstres des années 50 (L’Attaque des crabes géants, L’Attaque des sangsues géantes). Deux ans plus tard naît donc la version longue, produite par J. Stephen Peace et John DeBello et réalisée par ce dernier d’après une idée originale de Costa Dillon. Le scénario définitif est l’œuvre commune de Dillon, Peace et DeBello. Réalisé pour un budget ridicule de moins de 100 000 dollars, avec beaucoup d’acteurs amateurs et un inévitable sens du bricolage, L’Attaque des tomates tueuses ne réfrène pas pour autant ses ambitions, osant des séquences extravagantes tournées sans la moindre autorisation (un homme-grenouille qui se jette dans une fontaine publique face à de vrais passants médusés) ou tirant parti d’un accident imprévu (un hélicoptère loué par la production atterrit en catastrophe après que son pilote en ait perdu le contrôle) pour le muer en cascade spectaculaire improvisée devant la caméra !

L’introduction du film donne le ton. Après un texte incongru se référant aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock, une ménagère voit une tomate se promener toute seule dans sa cuisine en émettant d’étranges bruits et se met à hurler de terreur. Le générique de début est ponctué de mentions loufoques, annonçant notamment que le film met en scène les tomates de la Royal Shakespeare Company et que son scénario est tiré du célèbre roman « Les Tomates de la colère ». Le temps d’une série de saynètes absurdes, nous apprenons que les tomates se sont révoltées sans raison contre les humains et les attaquent pour les dévorer. Dépassées par les événements, les autorités se réunissent et commencent à envisager les solutions les plus excentriques, en particulier l’intervention d’une espèce de cyborg au sourire figé. Un commando improbable, constitué d’un plongeur sous-marin, d’une championne de natation, d’un parachutiste et d’un agent spécialisé dans les déguisements, finit par se regrouper pour lutter contre la menace végétale…

Maquettes, fumigènes et stop-motion

On sent bien que tout dans le film est bidouillé avec les moyens du bord, que les acteurs surjouent sans retenue, que les effets spéciaux font ce qu’ils peuvent (c’est-à-dire pas grand-chose) et que le scénario lui-même tient sur timbre-poste. Mais l’enthousiasme et la ténacité de l’équipe à l’origine de cette Attaque des tomates tueuses deviennent presque communicatifs et incitent à l’indulgence. Même s’ils sont souvent pesants, les gags annoncent parfois l’humour que déploiera avec talent le trio ZAZ à partir de Y’a-t-il un pilote dans l’avion ? (de joyeux délires à l’arrière-plan, des personnages qui restent très sérieux malgré le caractère grotesque des situations dans lesquelles ils sont plongés). Poussé par une frénésie créative que n’entrave pas son cruel manque de moyens, John De Bello insère de fausses annonces publicitaires en cours d’action, concocte plusieurs séquences sous forme de comédie musicale, parodie Les Dents de la mer, réalise un passage en stop-motion où les tomates roulent sur les corps immobiles de clients d’un supermarché, montre une tomate géante (en caoutchouc bien sûr) qui poursuit une femme sur un parking. Nous avons même droit à des cascades, des poursuites de voiture, des fusillades et des scènes de batailles contre l’armée avec force maquettes et fumigènes, avant un climax situé dans le San Diego Stadium empli de figurants bariolés. Tout ça ne vole pas bien haut mais le succès est au rendez-vous, générant trois suites tout aussi anecdotiques : Le Retour des tomates tueuses en 1988, Les Tomates tueuses contre-attaquent en 1990 et Les Tomates tueuses mangent la France ! en 1991.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article