HELLPHONE (2007)

Un lycéen fait l’acquisition d’un téléphone portable qui semble posséder des pouvoirs étranges et commence à semer la panique…

HELLPHONE

 

2007 – FRANCE

 

Réalisé par James Huth

 

Avec Jean-Baptiste Maunier, Jennifer Decker, Vladimir Consigny, Baptiste Caillaud, Edouard Collin, Judith Chemla

 

THEMA OBJETS VIVANTS

Dans la mouvance de Phone d’Ahn Byeong-Gi de La Mort en ligne de Takashi Miike et du futur Cell Phone de Tod Williams, James Huth, réalisateur du blockbuster Brice de Nice, décide d’apporter sa pierre à l’édifice de ce qu’il faut alors appréhender comme un nouveau sous-genre du cinéma d’épouvante : le film mettant en scène un téléphone portable maléfique ! Huth étant avant tout un spécialiste de la comédie, il s’attaque au thème sous l’angle du pastiche. Pour séduire la belle Angie (Jennifer Decker), Sid (Jean-Baptiste Maunier), un lycéen timide, décide d’acquérir un téléphone portable. Mais celui qu’il déniche dans un bazar chinois s’avère posséder des pouvoirs étranges. Chaque correspondant auquel il s’adresse n’est plus maître de sa volonté. Sid en profite pour concrétiser ses rêves les plus fous. Mais bientôt, ce cadeau empoisonné se retourne contre lui… La première partie du film, avouons-le, laisse peu d’espoir quant à l’intérêt du projet. Les jeunes acteurs y récitent sans conviction des dialogues pseudo-branchés qui sonnent faux, tandis que le ton semble osciller entre la gentille comédie familiale (façon Moi César) et le trash movie adolescent (à la American Pie) sans parvenir à se décider.

Ce mélange d’influences contradictoires donne lieu dans un premier temps à des séquences fades, aseptisées et prudemment manichéennes. Poursuites en skateboard, rivalités de vestiaires, prises de bec à la cantine, convocations chez le proviseur, aucun cliché lycéen ne nous est épargné et notre patience est soumise à rude épreuve. Heureusement, dès que l’argument fantastique s’immisce dans l’intrigue, le rythme s’emballe, les morts cartoonesques commencent à s’accumuler sans vergogne et les comédiens semblent enfin sortir de leur trop sage carcan. James Huth nous rappelle alors qu’il fut aussi le réalisateur du réjouissant Serial Lover. D’ailleurs, les nombreuses idées visuelles qui pimentent Hellphone sont l’un des grands atouts du film, agrémenté en outre d’effets spéciaux numériques particulièrement soignés.

En dérangement

Dommage que le scénario manque singulièrement de rigueur, refusant de verrouiller les mécanismes dictés par son concept initial et papillonnant sans conviction d’une intention à l’autre. Ainsi, selon les moments, le téléphone agit-il de manière autonome et incontrôlable pour causer le malheur d’autrui, alors qu’en d’autres occasions c’est Sid, possédé par l’objet maléfique, qui passe lui-même les coups de fil fatals. S’agit-il d’ailleurs d’un artefact satanique en contact avec le diable, comme le laisse imaginer sa couleur, son aspect et son numéro constitué de plusieurs 6 ? A moins que l’appareil ne soit habité par une entité féminine jalouse, comme le laisse penser la voix off qu’entend son possesseur ? Là aussi, le scénario ne tranche pas, accumulant en vrac les idées éparses sans vraiment chercher à faire le tri. Sous ses allures de comédie opportuniste savamment calculée pour toucher le plus grand nombre, Hellphone semble malgré tout vouloir rendre hommage au cinéma fantastique des années 80, via des clins d’œil à quelques classiques du genre (Gremlins, Christine) qui ont de toute évidence bercé les jeunes années du réalisateur.

 

© Gilles Penso


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