LA VENGEANCE DE LA MOMIE (1964)

Deux sœurs catcheuses unissent leurs forces pour lutter contre un chef de gang asiatique et une redoutable momie aztèque…

LAS LUCHADORAS CONTRA LA MOMIA

 

1964 – MEXIQUE

 

Réalisé par René Cardona

 

Avec Lorena Velazquez, Elizabeth Campbell, Armando Silvestre, Maria Eugenia San Martin, Ramon Bugarini, Chucho Salinas, Victor Velazquez, Chabela Romero,

 

THEMA MOMIES

En 1962, le cinéaste mexicain René Cardona (un vétéran alors déjà signataire de 80 longs-métrages !) mettait en scène deux catcheuses girondes face à un savant fou émule du docteur Moreau dans l’inénarrable Las Luchardoras contra el Medico Asesino. Entre deux combats sur le ring, le duo musclé déjouait les plans diaboliques du scientifique et affrontait un homme-singe colérique. Suite au relatif succès de cette aventure rocambolesque, Cardona retrouve les deux comédiennes Lorena Velazquez et Elizabeth Campbell ainsi que le scénariste Alfredo Salazar pour un nouveau long-métrage mouvementé confrontant cette fois-ci les intrépides lutteuses à un gang maléfique et à une momie aztèque, comme l’annonce clairement le titre original Las Luchadoras contra la Momia. Très confuse et très modérément palpitante, l’intrigue de cette Vengeance de la momie s’intéresse donc à « Rubis d’Or » (Elizabeth Campbell) et « Gloria Venus » (Lorena Velazquez), deux sœurs qui passent le plus clair du métrage à se battre lors de matchs de catch à quatre très théâtraux et très populaires sous les acclamations d’une foule en liesse.

Le scénario tente de nous intéresser aux exactions du maléfique prince Fugiyata (Ramon Bugarini), alias « le Dragon Noir », et de ses deux lutteuses chinoises. Ces vilains caricaturaux, archétypes du « péril jaune », sont à la recherche d’un document secret révélant l’emplacement d’un trésor antique. Avant d’être assassiné par les malfrats lancés à ses trousses, un archéologue parvient à confier ce document à un professeur (Víctor Velazquez) qui le divise en trois parties confiées respectivement à Rubis d’Or, à Gloria Venus et à Armando Rios (Armando Silvestre), le fiancé de Gloria. Fugiyata n’a pas dit son dernier mot : il kidnappe une jeune femme (Maria Eugenia San Martin) et lui implante un dispositif de contrôle mental pour la manipuler à distance et la forcer à voler le précieux document. Tout ce beau monde se retrouve finalement dans une pyramide aztèque où s’éveille Xochitl, une redoutable momie en quête de vengeance…

Monstres, Catch & Rock’n Roll

Pour apprécier à sa juste valeur un film comme La Vengeance de la momie, il faut parvenir à oublier les codes cinématographiques « classiques » pour s’immerger dans l’univers « pulp » décomplexé des séries B mexicaines des années 60. D’où ces méchants de bande-dessinée, ces péripéties invraisemblables et cette imprégnation de la culture locale dans le scénario. Les origines de la momie du titre nous sont ici révélées par un scientifique le temps d’un flash-back trahissant cruellement le petit budget du film : une minuscule cérémonie sacrificielle, une très maigre figuration et finalement un enterrement vivant. Au mépris de toute logique, ces révélations – y compris le flash-back lui-même – sont espionnées par le vil Fugiyata par le truchement d’un écran TV. La momie elle-même est effrayante à souhait, bénéficiant d’un joli maquillage qui met en valeur ses dents décharnées et ses orbites blafards. En revanche, lorsqu’elle se transforme en chauve-souris en plastique soutenue par un fil très visible, on ne peut s’empêcher de rire. La créature s’avère finalement plus sympathique qu’on aurait pu le croire, puisqu’elle aidera les héros à démanteler le réseau des méchants. Aux États-Unis, le film sort d’abord sous le titre Wrestling Women vs. the Aztec Mummy, puis est rebaptisé Rock’n Roll Wrestling Women vs. the Aztec Mummy à l’occasion d’un remontage dans lequel tous les matchs de catch et les bagarres sont accompagnés de morceaux de rock délicieusement sixties, notamment le très enjoué « We wanna be… Wrestling Women ! ».

 

© Gilles Penso


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