SCREAM VI (2023)

Pour sa sixième apparition à l’écran, l’indéboulonnable Ghostface sème désormais la terreur dans les rues de New York…

SCREAM VI

 

2023 – USA

 

Réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett

 

Avec Melissa Barrera, Jenna Ortega, Jasmin Savoy Brown, Mason Gooding, Dermot Mulroney, Courteney Cox, Hayden Panettiere, Jack Champion, Quinn Bailey

 

THEMA TUEURS I SAGA SCREAM

Ghostface à New York ! L’idée est séduisante, même si une promesse du même genre nous avait déjà été faite avec Jason Voorhes dans Vendredi 13 chapitre 8, avec le résultat frustrant que l’on sait. Pour éviter de provoquer la même déception, les co-réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett et les co-scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick, tous les quatre déjà à l’œuvre sur le Scream de 2022, ancrent pleinement leur récit au cœur de Manhattan, muant du même coup le tueur imaginé par Wes Craven en monstre résolument urbain. Un an après les événements racontés dans le film précédent, Sam (Melissa Barrera) et Tara (Jenna Ortega) se sont installées à Manhattan aux côtés de Chad (Mason Gooding) et Mindy (Jasmin Savoy Brown), survivants eux aussi du massacre survenu à Woodsboro. Ostracisée en public à cause d’une théorie du complot en ligne selon laquelle elle serait le véritable cerveau des derniers meurtres, Sam suit une thérapie pour l’aider à évacuer les démons qui la hantent. Mais le quotidien du quatuor s’ensanglante bientôt puisque – comme on pouvait s’y attendre – l’assassin au masque blanc revient faire des siennes, toujours friand de coups de téléphone menaçants et de coups de couteau tranchants…

Le changement radical de décor a l’avantage indiscutable de créer la surprise et de faire varier les plaisirs, quitte à rajuster l’imagerie de Ghostface qui n’hésite pas, le temps d’une scène, à troquer son habituel couteau contre un fusil à pompe ! La brutalité et la violence des meurtres sont encore montées d’un cran par rapport à l’épisode précédent, et les duettistes Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett parviennent à concocter quelques séquences de suspense réussies, notamment l’attaque du drugstore, la traque dans l’appartement de Gale ou encore le trajet en métro où – comble du postmodernisme – les usagers se préparant à fêter Halloween sont déguisés en Ghostface, en Michael Meyers ou en Pinhead. Hélas, le film n’est pas toujours de cet acabit, et d’autres passages beaucoup moins convaincants – pour ne pas dire embarrassants – ponctuent le métrage, comme la fuite sur l’échelle entre deux immeubles ou ce climax parfaitement improbable.

Les masques tombent

Si Melissa Barrera et Jenna Ortega reprennent avec conviction le rôle des sœurs Carpenter, Courteney Cox – de plus en plus altérée par la chirurgie esthétique – ne semble camper une fois de plus la journaliste arriviste Gale Weathers que dans le but d’assurer la présence dans le film d’un personnage « legacy » (un argument marketing cher aux studios qui font fructifier les franchises). Le film ressort aussi l’un des seconds rôles de Scream 4, Kirby Reed (Hayden Panettiere), absolument pas crédible en agent du FBI adepte du perfecto. Dermot Mulroney, quant à lui, oublie l’intensité habituelle de ses prestations pour camper lourdement un inspecteur de police venu prêter main-forte aux héros. Bien vite, les comportements des protagonistes deviennent absurdes, motivés par les besoins immédiats du scénario et non par une quelconque vraisemblance psychologique. On pleure donc rapidement la mort de ses proches pour passer aussitôt à autre chose et échanger des blagues référentielles destinées aux amateurs de films d’horreur. Le passage obligatoire de l’explication des règles d’un bon slasher est toujours aussi laborieux. Au cours de cet exercice désespérément vain, les héros commentent donc le film dans lequel ils jouent et ses rebondissements. Comme on pouvait le craindre, le pire reste le coup de théâtre final, le « twist » où tombent les masques et où les révélations sont délivrées par un interminable monologue explicatif involontairement comique. Changer le cadre de l’action était une bonne idée. Il serait maintenant temps de renouveler aussi les mécanismes de la franchise pour éviter cet irrépressible sentiment de plat mal réchauffé.

 

© Gilles Penso


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