13 FANTÔMES (2001)

Un remake de la fameuse « ghost story » de William Castle, dont les qualités cosmétiques ne cachent pas les scories d’un scénario chaotique…

13 GHOSTS

 

2001 – USA

 

Réalisé par Steve Beck

 

Avec Tony Shalhoub, Embeth Davidtz, Matthew Lillard, Shannon Elizabeth, Alec Roberts, JR Bourne, Rah Digga, F. Murray Abraham

 

THEMA FANTÔMES

En 1999, William Malone réalisait La Maison de l’horreur, remake modernisé du petit classique La Nuit de tous les mystères. Trois ans plus tard, la compagnie Dark Castle Entertainment initie la production d’une autre relecture d’un des films d’épouvante culte de William Castle, en l’occurrence 13 fantômes. La mise en scène échoit cette fois-ci à Steve Beck, qui fait ici ses débuts derrière la caméra. L’entrée en matière prend largement ses distances avec l’original. Dans une casse automobile surgit en pleine nuit un convoi de chasseurs de fantômes : le commanditaire richissime Cyrus Kriticos (F. Murray Abraham), un médium fébrile (Matthew Lillard) et tout un commando sur-équipé. Pour capturer le spectre d’un sinistre personnage surnommé « le découpeur », ils sortent la grosse artillerie : camion qui projette du sang, diffusion d’incantations sur des hauts parleurs et prison cubique – l’équivalent de la boîte des Ghostbusters. Bientôt les corps voltigent ou sont pliés en deux, les montagnes de carcasses de voitures s’écroulent, le montage devient frénétique tandis que la bande-son se sature d’explosions et de hurlement… A l’austérité assumée du film de 1960, Steve Beck oppose ainsi une approche ouvertement spectaculaire et excessive.

Après cette entrée en matière pétaradante, le fil du récit reprend plus ou moins celui du film de William Castle. Après un incendie ayant coûté la vie de sa femme (qui nous est raconté de manière audacieuse par un enchaînement de voix off le long d’un plan-séquence circulaire elliptique), Arthur Kriticos (Tony Shalhoub) emménage avec sa fille Kathy (Shannon Elizabeth) et son fils Bobby (Alec Roberts) dans un petit appartement austère, faute de fonds suffisants. Jusqu’au jour où l’avocat Ben Moss (JR Bourne) frappe à sa porte pour lui parler de la maison que leur a légué l’oncle Cyrus. Dans son message vidéo, ce dernier, sinistre à souhait, termine sa petite allocution par : « Peut-être nous reverrons nous… dans un autre monde ». Le père, ses enfants et la babysitter (Rah Digga) emménagent donc dans leur nouvelle demeure, dont l’architecture impressionnante aux allures de cathédrale moderne abrite des murs vitrés emplis d’écritures latines, de nombreux mécanismes complexes, une infinité d’objets de collection… et une bonne douzaine de fantômes revanchards enfermés dans le sous-sol.

Hantez sans frapper

Assez rapidement, la mécanique du récit prend les allures d’un escape game dans un palais des glaces labyrinthique. Le fameux gimmick du film original (les gadgets à filtre bleu et rouge distribués aux spectateurs dans les salles de cinéma pour leur permettre de voir des apparitions spectrales à l’écran) est détourné à travers la présence de paires de lunettes transparentes grâce auxquelles les fantômes sont visibles. C’est l’occasion pour l’équipe de l’atelier KNB de concocter quelques maquillages spéciaux baroques dignes d’un Hellraiser. Mais tout l’édifice que s’efforce de bâtir le film s’effondre face à l’absence de finesse de l’entreprise. La mise en scène de Steve Beck abuse des montages ultra-nerveux truffés de flash lumineux et de déflagrations dès qu’il s’agit d’évoquer les phénomènes paranormaux, les personnages versent dans l’archétype caricatural (l’avocat aux dents longues, le médium hystérique, la parapsychologue activiste), les dialogues sont souvent grotesques. Çà et là, quelques clins d’œil appuyés à Shining surgissent, notamment lorsque Bobby arpente les couloirs de la maison (sa trottinette se substituant au fameux tricycle). Malgré sa cosmétique attrayante, le film peine donc à tenir la route. Échec critique et financier, 13 fantômes stoppera net le projet d’adapter d’autres films d’épouvante de William Castle. Dark Castle enchaînera donc avec un projet original, Le Vaisseau de l’angoisse, toujours confié au réalisateur Steve Beck.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article