LA MALÉDICTION DE LA MOMIE (1944)

Le monstre à bandelettes du studio Universal fait une cinquième et dernière apparition à l’écran, toujours en quête de son antique bien-aimée…

THE MUMMY’S CURSE

 

1944 – USA

 

Réalisé par Leslie Goodwins

 

Avec Lon Chaney Jr, Virginia Christine, Peter Coe, Kay Harding, Dennis Moore, Martin Kosleck, Kurt Katch, Holmes Herbert

 

THEMA MOMIES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Les scénaristes d’Universal redoublant d’idées pour ressusciter inlassablement les monstres du répertoire classique, il ne fallait pas faire grand cas de la mort de la momie Kharis et de sa bien-aimée Ananka dans le marécage gluant du Fantôme de la momie. La Malédiction de la momie prend place 25 ans après les événements du film précédent (une aberration chronologique, car si l’on compte tous les sauts temporels narrés depuis La Momie, l’action devrait ici se dérouler dans les années 90 !). Nous sommes dans des bayous volontiers enclins à la superstition. Tante Berthe chante dans un café avec l’accent de Maurice Chevalier, tandis que les autochtones s’émeuvent de la vague de terreur qui se répandra à coup sûr suite à l’assèchement du marais supervisé par l’entrepreneur Pat Walsh (Addison Richards). Missionnés par le musée Scripps, le docteur James Halsey (Dennis Moore) et son assistant égyptien Ilzor Zandaab (Peter Coe) débarquent dans l’espoir de retrouver la momie de Kharis. Mais Zandaab est un fourbe, et il faut reconnaître qu’on le voit venir de loin avec son tarbouch vissé sur le crâne.

Ensuite, c’est la routine habituelle : notre homme gravit les longues marches qui le mènent dans un vieux monastère, en compagnie d’un apprenti nommé Ragheb (Martin Kosleck), revêt la robe et le pendentif des Grands Prêtres d’Arkam, puis nous gratifie d’un flash-back antique emprunté à La Main de la momie, avec Tom Tyler dans le rôle de Kharis. Pourtant, dès que la momie revient d’entre les morts après une revigorante gorgée de jus de tana, c’est à nouveau Lon Chaney Jr qui l’incarne, sous les bandelettes de Jack Pierce. Ananka, pour sa part, prend ici le séduisant visage de Virginia Christie. La séquence de sa résurrection est un des moments forts du film. S’extirpant maladroitement d’une terre encore meuble, elle erre en haillons, le visage blafard, telle un zombie désincarné, puis entre lentement dans un point d’eau pour chasser la boue qui la recouvre. Le jeu de la comédienne et la qualité du maquillage sont pour beaucoup dans l’impact de ce moment d’épouvante surréaliste.

D’entre les morts

Dès lors, Ananka retrouve toute sa jeunesse et sa beauté, et Hasley la prend sous son aile en attendant qu’elle recouvre la mémoire. Hélas, son destin n’est guère enviable, car elle finira momifiée, tandis que Kharis, réduit dans ce film à l’état de simple pantin meurtrier, est aplati sous les décombres du monastère qui s’effondre. Cette mise à mort, la moins flamboyante de toutes, est pourtant définitive, car la série des momies d’Universal s’achève avec ce cinquième volet, avant qu’Abbott et Costello n’en fasse l’objet d’un pastiche. Il est tout de même étrange que les scénaristes n’aient jamais vraiment cherché à s’éloigner des archétypes et des situations déjà vues. Finalement, il y a plus d’innovation dans la première Momie de Karl Freund que dans ses quatre séquelles réunies, ne serait-ce que parce que Boris Karloff quittait bien vite ses bandages pour incarner un monstre plus insidieux et plus complexe qu’un simple succédané égyptien du monstre de Frankenstein.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article