LE FANTÔME DE LA MOMIE (1944)

Lon Chaney Jr revient en force dans le rôle du monstre à bandelettes surgi d’entre les morts pour reconquérir sa fiancée réincarnée…

THE MUMMY’S GHOST

 

1944 – USA

 

Réalisé par Reginald Le Borg

 

Avec Lon Chaney Jr, John Carradine, Robert Lowery, Ramsay Ames, Barton Mac Lane, George Zucco, Claire Whitney

 

THEMA MOMIES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Reginald le Borg réalisa sept films en 1944, parmi lesquels Le Fantôme de la Momie, troisième séquelle du classique de Karl Freund. L’action se déplace ici dans un campus américain et prend pour héros l’étudiant Tom Hervey (Robert Lowery) et sa petite amie Amina (Ramsay Ames), laquelle se trouble inexplicablement chaque fois qu’on fait allusion à ses origines égyptiennes. L’un des enseignants de Tom, le professeur Norman (Frank Reicher, le capitaine Englehorn de King Kong), est fasciné par la momie Kharis. Entre-temps, nous avons droit à une séquence désormais indissociable de la saga : le jeune prêtre qui gravit l’escalier d’un temple (un plan « emprunté » à La Main de la Momie) et se voit confier par son vieux prédécesseur (George Zucco) le maintien en vie de la momie. Les décors, les costumes, même les dialogues nous sont désormais familiers, si ce n’est que cette fois-ci le nouveau prêtre, Yousef Bey, a pris les traits anguleux et le regard illuminé de John Carradine.

Un soir de pleine lune, Norman a la mauvaise idée de faire infuser neuf feuilles de tana, conformément à ce qu’indique un manuscrit qu’il est en train de déchiffrer. Aussitôt surgit Kharis, sans l’ombre d’une brûlure malgré son immolation à la fin du film précédent. La momie tue le professeur, boit le breuvage et s’enfuit aussitôt. Amina, quant à elle, est prise d’une crise de somnambulisme qui fait errer sa jolie silhouette en chemise de nuit dans les bois avoisinants. A son réveil, elle se retrouve gratifiée d’une mèche blanche (« un grain de sel dans tes cheveux », pour reprendre les mots de Georges Brassens), comme plus tard Jobeth Williams dans Poltergeist ou Bruce Campbell dans Evil Dead 2. Ce nouvel épisode tire mieux parti de son prédécesseur des talents d’acteur de Lon Chaney, dans la mesure où le scénario ne se contente plus de le faire traîner la jambe dans les bois et d’occire ceux qu’il croise.

Un grain de sel dans les cheveux

Malgré l’épais maquillage qui le camoufle et le bride, Chaney nous communique son émotion face à la momie de sa bien-aimée, entreposée dans le musée de Scribb, ainsi que l’éclat de sa colère lorsqu’il découvre que les bandages d’Ananka ne recouvrent plus que du vide. Car la princesse habite désormais le corps d’Amina. Tandis que la police piétine, Kharis enlève la belle et la livre à Yousef Bey. Ce dernier s’apprête à pratiquer le sacrifice rituel, mais le charme d’Amina le trouble, et le voilà marchant sur la trace de ses prédécesseurs. « Tu es à des milliers de kilomètres des tombes d’Arkam, elle est à des milliers de kilomètres de son péché », lui dicte sa voix intérieure, en une scène schizophrène mémorable. Et tandis que la chevelure de la princesse réincarnée n’en finit plus de blanchir, la momie se révolte contre le prêtre qui a osé tomber amoureux d’Ananka. Au cours d’un final étrangement émouvant, Kharis et sa promise soudain vieillie périssent l’un dans les bras de l’autre, inexorablement enlisés dans un funeste marais. Du coup, même s’il est chiche en innovations et souvent prévisible, Le Fantôme de la Momie s’avère bien plus distrayant que ses deux maladroits prédécesseurs.

 

© Gilles Penso


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