LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOLUME 3 (2023)

Après avoir donné un nouveau souffle à Suicide Squad, James Gunn refait un tour chez Marvel pour clore sa délirante trilogie cosmique…

GUARDIANS OF THE GALAXY VOL. 3

 

2023 – USA

 

Réalisé par James Gunn

 

Avec Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Karen Gillan, Pom Klementieff, Vin Diesel, Bradley Cooper, Sean Gunn, Chukwudi Iwuji, Will Poulter, Sylvester Stallone

 

THEMA SUPER-HÉROS I SPACE OPERA I SAGA MARVEL COMICS I MARVEL CINEMATIC UNIVERSE

Les coulisses de la fabrication et de la production des Gardiens de la galaxie volume 3 sont presque aussi riches en rebondissements et en coups de théâtre que le film lui-même. Dès 2014, alors que le premier épisode de la saga vient de sortir sur les écrans, James Gunn annonce qu’il a déjà développé des idées pour deux suites. En 2017, date de la distribution des Gardiens de la galaxie volume 2, il est officiellement chargé d’écrire et de réaliser le troisième opus de la série. Mais un an plus tard, un retournement de situation inattendu bouleverse tout. Après la réapparition d’anciennes déclarations de Gunn sur Twitter, jugées provocatrices et « inappropriées », Marvel décide de le renvoyer sans autre forme de procès. Plusieurs réalisateurs sont envisagés pour le remplacer – notamment Taiki Waititi ou Bradley Cooper – mais tous refusent. Le studio fait finalement machine arrière et décide de réintégrer James Gunn. Mais ce dernier est entretemps « passé à l’ennemi », c’est-à-dire chez Warner, pour diriger The Suicide Squad puis la première saison de sa série dérivée The Peacemaker. Il se retrouve même nommé co-président des studios DC, aux côtés de Peter Safran. Le voir revenir faire un dernier tour de piste chez la concurrence pour réaliser Les Gardiens de la galaxie volume 3 a donc quelque chose de très ironique. Pour autant, Gunn prend sa mission très à cœur et livre un film d’une générosité, d’une intensité et d’une folie inespérées…

Toute l’intrigue de ce troisième épisode tourne autour du personnage de Rocket Racoon. Grièvement blessé suite à l’attaque d’Adam (William Poulter), un être surpuissant qui semble mal maîtriser ses pouvoirs, le raton hargneux est ramené à bord du vaisseau des Gardiens de la galaxie. Alors que ses compagnons bravent tous les dangers pour trouver le moyen de le sauver, une série de flash-backs nous permet de découvrir les origines de Rocket, liées aux expériences d’un savant fou autoproclamé « Maître de l’évolution » (Chukwudi Iwuji). Ces bonds dans le passé se teintent d’une noirceur inattendue, muant quasiment ce bon vieux raton en héros tragique, confronté aux problématiques bien réelles de l’expérimentation animale face à un super-vilain dont les exactions semblent directement héritées du docteur Moreau imaginé par H.G. Wells. Plus que jamais, James Gunn ose les grands écarts émotionnels et les ruptures de ton abruptes, alternant le drame, la comédie, l’action et même l’horreur sans jamais que le film ne perde sa cohérence ni son esprit résolument rock’n roll. Seul le réalisateur d’Horribilis et de Super pouvait opérer un tel miracle.

La quête de Rocket

L’ampleur du film donne le vertige, tant le nombre de péripéties, de personnages, de créatures et de morceaux de bravoure saturent l’écran avec frénésie. Du coup, les 2h30 de métrage défilent à toute allure sans laisser aux spectateurs beaucoup de temps pour reprendre leur souffle. L’apogée de ce bouillonnement d’idées est une bataille mano-a-mano saisie par un plan-séquence virtuose dont la folle énergie nous laisse sans voix. Entretemps, Gunn aura eu l’occasion d’assumer avec exubérance son mauvais goût insolent hérité des productions Troma (notamment lors de l’épisode situé dans la station spatiale organique gluante et visqueuse à souhait), son attrait pour le gore cartoonesque, son sens de l’humour irrésistible mais aussi son attachement sincère pour chacun des protagonistes. Car au-delà de Rocket, chacun des gardiens de la galaxie évolue selon son propre arc dramatique. C’est aussi le cas d’Adam Warlock, que Gunn éloigne volontairement de son modèle dessiné (quitte à faire hurler les fans du personnage créé par Stan Lee et Jack Kirby en 1967) pour le muer en anti-héros gauche et immature incapable de canaliser sa force prodigieuse. James Gunn semble s’être donné à fond dans le film, comme pour prouver aux dirigeants de Marvel l’énorme erreur qu’ils firent en l’écartant provisoirement, mais aussi pour faire ses adieux aux Gardiens de la galaxie, ce que confirme ce générique de fin en forme d’album photos nostalgique.

 

© Gilles Penso


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