HORRIBILIS (2005)

Horreur et humour cohabitent avec entrain dans cet hommage vibrant aux films gore des années 80

SLITHER

2005 – USA

Réalisé par James Gunn

Avec Don Thompson, Nathan Fillion, Gregg Henry, Xantha Radley, Elizabeth Banks, Tania Saulnier, Dustin Milligan, Michael Rooker

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MUTATIONS

Fan inconditionnel d’horreur et de science-fiction, James Gunn avait fait parler de lui en écrivant le scénario de L’Armée des morts, relecture modernisée du mythique Zombie de George Romero. Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Gunn s’est laissé inspirer par les œuvrettes qui bercèrent son adolescence au milieu des années 80. Voilà pourquoi Horribilis évoque irrésistiblement les BlobTremors et autres La Nuit des sangsues qui dynamitaient à grands coups de second degré les scripts naïfs des séries B des années 50. Fidèle à l’imagerie traditionnelle, le film s’ouvre sur la traversée du cosmos par une météorite se crashant quelque part dans la campagne américaine, tandis que deux policiers somnolent dans leur voiture de patrouille. Conditionné, le spectateur découvre peu après les habitants de la petite ville de Wheelsy, notamment le businessman Grant Grant (Michael Rooker) et sa jeune épouse Starla (Elizabeth Banks). Celle-ci ne répondant guère à ses besoins affectifs, Grant se laisse tenter par une virée nocturne dans les bois avec Brenda (Brenda James). Là, tous deux découvrent une masse gélatineuse bien peu ragoûtante, qui éjecte bientôt un dard dans la poitrine de Grant.

A partir de là, tout dégénère très vite. Car l’hôte involontaire du germe extra-terrestre est soudain en proie à des fringales carnivores insatiables, stockant dans sa cave des montagnes de viande et des carcasses d’animaux divers. Un soir, il viole littéralement Brenda, plantant des tentacules frétillants dans son corps terrifié jusqu’à ce qu’elle se mue en mère pondeuse d’un millier de limaces gluantes transformant peu à peu tous les habitants de la bourgade en zombies agressifs. Seul Bill Pardy (Nathan Fillion), le shérif de Wheelsy, semble capable d’endiguer la redoutable invasion.

Un cinéaste qui cite ses sources

James Gunn connaît si bien ses classiques que de nombreuses œuvres clefs du genre viennent à l’esprit tout au long du métrage. Si les métamorphoses tentaculaires de Grant évoquent The Thing et La Mouche, les limaces tueuses nous ramènent au Mutations de Juan Piquer Simon et à Frissons de David Cronenberg, tandis que la transformation des habitants en êtres dénués de personnalité rappelle forcément L’Invasion des profanateurs de sépulture et La Nuit des Morts-Vivants. Quant à l’orgie finale, elle semble se référer à Society et Videodrome. Le cinéaste assume pleinement ses sources, donnant au maire de Wheelsy le patronyme de MacReady (comme Kurt Russell dans The Thing), laissant apparaître la devanture d’un magasin de télévisions nommé Max Renn (comme James Woods dans Videodrome), évoquant un drame survenu chez la famille Castevet (personnages clefs de Rosemary’s Baby), et nous gratifiant d’un extrait de Toxic Avenger, témoin de son passé d’homme à tout faire chez Troma. Tous ces clins d’œil n’empêchent pourtant pas Horribilis de posséder sa personnalité propre et de collecter quelques séquences outrancières propres à figurer dans une anthologie, notamment l’explosion de Brenda dans la grange, l’attaque des sangsues dans la baignoire ou le climax déjanté, point d’orgue d’un extraordinaire cocktail d’horreur et d’humour référentiel.

 

© Gilles Penso

 

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